La migraine
Définition
Littéralement, migraine signifie hémicrânie.
En fait, sous le terme de migraine, on désigne à l'heure actuelle un syndrome particulier fait de crises céphalalgiques pulsatiles d'origine vasomotrice, spontanément résolutives, accompagnées souvent de vomissements et de troubles du comportement (asthénie) dont l'étiologie est inconnue et qui survient souvent sur un terrain particulier (dyspeptique, anxieux, obsessionnel) ou qui affecte un caractère familial.
(Source : Dictionnaire de Médecine Flammarion)
Depuis 1998, la société internationale spécialisée a établi des critères diagnostiques très précis de définition de la migraine permettant au médecin d'avoir un véritable cadre clinique.
Epidémiologie
En dix ans, le nombre de migraineux a augmenté de 56 % chez les femmes et de 34 % chez les hommes. L'incidence annuelle est en effet passée de 600 à 1 000 nouveaux cas pour 100 000 personnes. Cette hausse est plus marquée chez les jeunes femmes (20 - 29 ans).
En France, une expertise de l'INSERM datant de 1998 attestait que plus de 6 millions de français souffraient de troubles migraineux soit entre 10 et 15 % de la population.
Les femmes sont trois fois plus atteintes que les hommes. La prévalence à l'âge adulte est de 18 % chez les femmes et de 6 % chez les hommes.
Les enfants sont également concernés : entre 5 et 8 % seraient touchés sans préférence de sexe. Moins de 10 % avaient reçu un diagnostic correct de la part des médecins consultés. Ces résultats sont issus de la première étude épidémiologique française réalisée sur la migraine de l'enfant par l'unité douleur de l'Hôpital d'enfants Armand Trousseau. Cette étude a porté sur 1810 enfants âgés de 6 à 10 ans. Elle a été rendue publique le 3 décembre 1999 lors de la 7ème journée UNESCO 'La douleur de l'enfant : Quelles réponses ?".
Physiopathologie de la migraine
Mécanisme de la migraine
La migraine se caractérise par la survenue récurrente de crises pouvant être précédées ou non de manifestations neurologiques appelées "aura" qui seraient dues à un dérèglement transitoire du cortex cérébral. Au cours de cet aura, les neurones de certaines zones se dépolarisent puis leur activité électrique disparaît alors qu'une réduction du débit sanguin local de 20 à 30 % se produit. Cette phase n'est pas douloureuse. Certains patients la ressentent sous forme de phénomènes visuels.
La céphalée migraineuse c'est-à-dire la douleur s'explique par un processus à la fois vasculaire et neurologique : il y'a une vasodilatation des vaisseaux laquelle est induite par une stimulation nerveuse. Le mécanisme de cette phase est pas connu dans le détail.
Les étapes seraient les suivantes :
- Des facteurs déclenchants vont provoquer des stimulations sur l'hypothalamus à l'origine de la crise migraineuse.
- Le nerf trijumeau (innervation d'une grande partie de la face) est alors stimulé.
- A ce moment là, les terminaisons nerveuses du nerf libèrent des neuropeptides vaso-actifs dans la paroi des vaisseaux méningés.
- Ces neuropeptides sont responsables d'une vasodilatation douloureuse.
- Cette douleur est attribuée à l'inflammation des parois et le nerf trijumeau transmet aux centres nerveux les messages douloureux.
Actuellement, la recherche se penche sur la génétique. En effet, une forme de migraine, la migraine hémiplégique familiale, se transmet sur le mode autosomique dominant. Elle est liée à un dysfonctionnement du gène situé sur le bras court du chromosome 19. Ce gène n'est pas le seul responsable de la migraine mais des études sont en cours.
Les facteurs déclenchants
- Facteurs psychologiques : stress, anxiété...
- Facteurs alimentaires : le chocolat, l'alcool, le je ûne, la dimunition de la consommation de café chez les grands consommateurs...
Il existe certainement d'autres facteurs alimentaires déclenchants propres à la personne migraineuse. A elle de surveiller quels sont les aliments qui peuvent déclencher une crise.
- Facteurs hormonaux : les phénomènes hormonaux jouent un rôle majeur chez la femme. Les crises migraineuses sont souvent plus fréquentes avant ou pendant les règles. Elles disparaissent souvent pendant la grossesse. Dans 70 % des cas, les crises cessent après la ménopause.
- Autres facteurs déclenchants : le manque de sommeil mais aussi l'excès, la lumière (luminosité excessive), un effort physique intense...
Signes cliniques de la migraine
Pendant l'aura
Seulement certains patients perçoivent leur aura. En général, il s'agit d'anomalies visuelles : amputations du champ visuel, impression de luminosité ou de scintillement, distorsions d'images. Dans les auras sensitives, on peut ressentir des fourmillements unilatéraux souvent du membre supérieur et du visage. L'aura dure en général pendant une demi-heure à une heure.
Pendant la phase douloureuse
Non traitée, elle peut durer de 4 à 72 heures. Il s'agit d'une douleur céphalique intense.
Eléments caractéristiques de la douleur par rapport aux maux de tête :
- une tendance à l"unilatéralité",
- une douleur de type pulsatile.
L'aggravation de la douleur :
- par des efforts minimes ou des mouvements de tête, contraignant souvent le patient à se coucher,
- par la lumière (photophobie) et le bruit,
- l'association de la douleur à des nausées ou des vomissements.
La fréquence des crises varie d'un individu à l'autre. Le plus souvent, elle se situe entre une et quatre crises par mois surant moins de 24 heures en général.
Diagnostic de la migraine
Manifestations clinique
(Voir aussi chapitre précédent).
Les critères de diagnostiques sont exclusivement cliniques à partir des caractéristiques de la douleur et des signes accompagnateurs de l'International Headache Society (IHS).
Critères diagnostiques de la migraine sans aura selon l'IHS
A - Au moins cinq crises répondant aux critères B et D
B - Crises de céphalées durant de 4 à 72 heures sans traitement
C - Céphalées ayant au moins deux des caractéristiques suivantes :
> unilatéralité,
> pulsatilité,
> intensité modérée ou sévère,
> aggravation par les activités physiques de routine, telles que montée ou descente des escaliers.
D - Durant les céphalées, au moins l'un des caractères suivants :
> nausées et/ou vomissements,
> photophobie et phonophobie.
Diagnostic différentiel
- La céphalée de tension est le diagnostic différentiel le plus fréquent. Pourtant la céphalée de tension a des caractéristiques opposées à la migraine : douleur diffuse, bilatérale, non pulsative, à type de serrement, ne s'aggravant pas à l'effort et d'intensité légère à modérée. Le problème est que les deux céphalées sont souvent intriquées. En effet, les migraineux ont plus souvent des céphalées de tension que les autres individus.
- Le patient peut avoir une céphalée secondaire (tumeur, hématome sous-dural...). Une céphalée récente d'installation brutale doit inquiéter et faire demander un scanner.
- La migraine transformée peut être considérée comme un troisième diagnostic différentiel. Elle concernerait 10 à 20 % des millions de migraineux en France. Le tableau est généralement celui d'une céphalée chronique quotidienne caractérisée 8 fois sur 10 par un abus d'antalgiques.
- La quatrième situation est la céphalée d'origine cervicale. 2/3 des migraineux souffrent de la région occipitale et de la nuque.
Traitement de la migraine
Plus de 8 français sur dix prennent un médicament sans avis médical et le mal de tête arrive en tête des symptômes qui motivent cette automédication (64 % des cas). On estime que 76,5 % des migraineux soit environ 4 millions et demi se soignent eux-mêmes.
Les moyens thérapeutiques actuellement disponibles permettent de contrôler 7 à 8 crises sur dix et de diminuer de façon significative leur fréquence chez deux sujets sur trois.
Le traitement de la migraine passe par trois étapes :
- le contrôle et donc l'identification des facteurs déclenchants
- le traitement de la crise migraineuse qui permet de limiter le retentissement ponctuel d'une crise. Ce traitement fait appel aux antalgiques ou aux anti-inflammatoires non stéroïdiens mais aussi à des vasoconstricteurs (les dérivés de l'ergot de seigle, la nouvelle classe thérapeutique des triptans) s'opposant à la vasodilatation des vaisseaux méningés, responsable de la douleur migraineuse
- un traitement de fond adapté qui agit en élevant le seuil de déclenchement des crises permettant ainsi d'en diminuer la fréquence. Ce traitement de fond fait appel entre autres aux dérivés de l'ergot de seigle, aux bêta-bloquants, aux antisérotoninergiques, à certains antidépresseurs
Le traitement de la crise migraineuse
Médicaments non spécifiques : les antalgiques
- le paracétamol : il doit être utilisé en première intention car suffit à calmer une crise mineure ou débutante. A forte dose, ce médicament a une grave toxicité pour le foie.
- l'aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens,
- les opiacés mineurs et les associations : les principaux opiacés mineurs utilisés en France sont la codéine, le dextropropoxyphène et le tramadol,
- la noramidopyrine.
Médicaments spécifiques
- les dérivés de l'ergot de seigle : l'ergot de seigle, le tartrate d'ergotamine à la posologie par voie orale de 1 à 2 mg par jour, la dihydroergotamine administrée par voie sous-cutanée, intra-musculaire, intraveineuse ou en spray nasal à la dose de 1 à 2 mg par jour au maximum.
- les triptans sont spécifiques des récepteurs vasculaires impliqués dans la crise migraineuse : le sumatriptan est disponible sous forme injectable. Des produits plus récents comme le zolmitriptan, naratriptan...soulagent en deux heures 50 à 70 % des crises migraineuses.
Médicaments adjuvants
- la caféine a une efficacité antimigraineuse modeste mais démontrée,
- les tranquilisants,
- les antiémétiques.
Il faut associer au traitement de la crise migraineuse un traitement de fond pour éviter toute accoutumance obligeant le patient à augmenter et répéter les prises : un cercle vicieux qui entretien la douleur.
Le traitement de fond
Son but est de réduire la fréquence et l'intensité des crises. I
Moyens non médicamenteux : acupuncture, relaxation, bio feed back...
Moyens médicamenteux
- Les dérivés de l'ergot de seigle : ils luttent contre la dilatation vasculaire en cause dans la céphalée migraineuse. Le produit le plus utilisé est la dihydroergotamine aux doses orales quotidiennes de 10 mg par jour.
- Les bêta-bloquants : ils agissent sur les récepteurs vasculaires de certaines hormones comme les catécholamines. Leurs effets sont végétatifs (baisse de la fréquence cardiaque, baisse de la pression artérielle...). Ces médicaments ont de nombreuses contre-indications et nécessitent donc un examen clinique approfondi.
- Les antisérotoninergiques : le pizotifène (famille des antidépresseurs : les tricycliques) s'utilise à la posologie habituelle chez l'adulte de 1,5 mg par jour ; l'oxétorone à la posologie chez l'adulte de 60 à 120 mg par jour.
- La flunarizine : antagoniste calcique utilisé à la posologie de 5 à 10 mg par jour.
- L'indoramine : il agit sur plusieurs médiateurs impliqués dans la crise migraineuse. Posologie usuelle : deux comprimés à 25 mg par jour.
» Pour en savoir plus
Dossiers de fond
La migraine
Dossier de fond sur la migraine de la fondation pour la recherche médicale. La migraine : une maladie différente mais sous-estimée, la migraine : une affection réellement handicapante, comment se manifeste la migraine ? Comment la diagnostique-t-on ? Quels sont les facteurs qui favorisent les crises ? Quelles sont les hypothèses sur l'origine de la migraine ? Que sait-on sur la génétique de la migraine ? Comment traite-t-on la migraine ? Les triptans : nouveaux médicaments, Quel est le coût socio-économique de la migraine ?
Migraine
Consultation du corpus médical - Dossier de Jean Pellat, 1998.
Diagnostic, épidémiologie, formes cliniques particulières, diagnostic différentiel, physiopathologie, traitement.
Les migraines
Définition - facteurs étiologiques, sémiologie des accés migraineux, traitement.
Dossier de F. Mauguière.
Les migraines et céphalées
Physiopathologie de la migraine, les critères internationaux de la migraine, la migraine commune, la migraine avec Aura, la migraine basilaire, la migraine de l'enfant, la migraine de la personne âgée, les explorations, le traitement, la migraine périmenstruelle, les céphalées par abus de traitement.
Dossier du site de médecine générale Esculape
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La migraine
Migraine ou mal de tête ? Pourquoi la migraine ? Symptômes, Toubib or not toubib ? Premier palier dans le traitement de la crise.
Dossier de Carole Nachar, pharmacienne clinicienne - Pharmapoche, activités pharmaceutiques, 1998.
Conseils pour prévenir la migraine
Lutter contre l'apparition de migraine. Sur le site des laboratoires Schwarz Pharma.
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Expertise collective Inserm sur la migraine
16 décembre 1998.
La migraine : de quoi s'agit-il ?
Documents d'informations à l'usage des patients. Par la formation médicale continue des médecins généralistes, indépendante de l'industrie pharmaceutique, décembre 2000.
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The latest medical news and information for patients or friends/parents of patients diagnosed with migraine
Site d'informations médicales générales sur la migraine : actualités médicales, informations sur la migraine, groupes de discussion et newsgroups, autres sites. (en anglais)
Diagnostic
Diagnostic de la migraine
Les critères de l'IHS (International Headache Society).
http://www.esculape.com/neurologie/migraineihs.html
Traitement
Le traitement de la maladie migraineuse
Dossier écrit par les Dr M. Lantéri-Minet du service de neurologie du Centre hospitalo-universitaire de Nice et le Dr J.A Desmeules du département de pharmacologie clinique et consultation de la douleur de l'hôpital cantonal universitaire de Genève. Les conditions d'un traitement plus rationel : physiopathologie de la maladie migraineuse, études thérapeutiques au cours de la maladie migraineuse - Les moyens médicamenteux d'un traitement plus rationnel : les moyens médicamenteux du traitement de l'accès migraineux, les moyens médicamenteux du traitement de fond - Les indications d'un traitement plus rationnel : la prise en charge thérapeutique du sujet migraineux, les indications du traitement de laccès migraineux, les indications du traitement de fond de la maladie migraineuse, certaines indications particulières - Bibliographie.
Pharmacologie de la migraine
Dossier du Pr Hervé Allain, laboratoire de pharmacologie expérimentale et clinique de Rennes, mis à jour le 15 juin 1999. Données générales, physiopathologie, facteurs de déclenchement, les médicaments de la crise, les médicaments du traitement de fond, bibliographie.
Traitement de la crise de migraine : Nouveautés ?
Introduction - Le traitement de la migraine - Efficacité - Tolérance - Les produits - Traitement de fond.
Par G. Mick, M. Navez, Centre de la douleur de Saint-Etienne. Dernière mise à jour : 30-janv-02.
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Migraine : stratégie du traitement
Clinique - Fondation - Association - Ligue
Clinique de la migraine des hausses et basses Laurentides
Présentation de la clinique, du centre médical de La Noblesse (Québec) : pourquoi une clinique de la migraine ? A qui s'adresse une clinique de la migraine ? Les céphalées, quelques données, souffrez-vous de migraines ? Autres services et informations, liens vers sites traitant de la migraine.
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Clinique de migraine de Montréal
Le site de la cliniqe de migraine de montréal est destiné prioritairement aux patients souffrants de céphalées : présentation de la clinique, les céphalées, les traitements, les liens.
Voir le document
Fondation québecoise de la migraine et des céphalées
La Fondation québécoise de la migraine et des céphalées est un organisme sans but lucratif qui a pour mission de venir en aide aux victimes de migraine et autres céphalées, de sensibiliser le public à leur cause, de promouvoir leurs droits, et de favoriser la recherche médicale. Informations sur la migraine, statistiques, services et programmes de la fondation.
SOS Migraine
Par l'Association France migraine (AFM). La maladie, les traitements, un questionnaire de diagnostic.
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La Ligue Belge Contre Les Céphalées
Jeune organisation qui a été créée en 1995, sous l'impulsion de la Belgian Migraine Society (association de médecins et plus particulièrement de neurologues). Son objectif principal est l'entraide entre patients. En outre, elle vise également à faire connaître au grand public les problèmes de migraines et de céphalées en général.
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#COVID-19 : le point de situation épidémiologique sur le coronavirus SARS-CoV-2
Descripteur MESH : Céphalée , Hypothalamus , Neuropeptides , Tête , Migraines