La thrombose veineuse profonde des membres inférieurs
Définition - Physiopathologie - Epidémiologie
La thrombose veineuse profonde (TVP) peut
être définie comme la formation d'un processus thrombotique
organisé (associant fibrine, globules blancs et plaquettes)
ou thrombus, dans la lumière veineuse.
La majorité des thrombi se forme dans les zones de bas débit
sanguin que sont les réseaux veineux suraux.
Pour la localisation de la TVP on définit
quatre étages de la jambe.
- Etage 1 : veines de la jambe, 32% de localisation,
- Etage 2 : étage 1 et veine poplitée, 17%,
- Etage 3 : étage 1 et 2 et veine fémorale, au-dessous de laine, 23%,
- Etage 4 : étage 1, 2, 3 et veines pelviennes, 28%.
La triade de Virschow énonce les 3 conditions nécessaires à la formation d'une thrombose veineuse profonde:
- la stase veineuse est favorisée par : l'immobilisation, la compression , l'hyperviscosité ou la dilatation sanguine,
- l'altération pariétale par : traumtismes locaux, cathéther,
- les modifications du sang circulant par l'augmentation des facteurs de coagulation ou la diminution de ceux de la fibrinolyse = deux systèmes en équilibre constant mis en jeu: l'hypercoagulabilité sanguine du fait de l'activation de la thrombinoformation (et/ou de l'inhibition inefficace de cette thrombinoformation par les protéines C, S, et l'ATIII), et le système fibrinolytique.
Le thrombus apparait dans un nid valvulaire puis s'étend en
amont et surtout en aval entrainant un risque important d'EP.
Ensuite le thrombus va adhérer à la paroi et obstruer
complètement la lumière vasculaire entraînant un syndrome
obstructif responsable des phénomènes douloureux et des
oedèmes. Le réseau veineux superficiel permet de supléer.
L'évolution se fait ensuite vers une recanalisation plus ou
moins complète et le développement d'une circulation veineuse
collatérale.
La lyse du caillot est physiologique, mais son dépassement
entraîne l'extension en aval par un thrombus non adhérent,
potentiellement capable de migrer vers le poumon. La TVP des
membres inférieurs est indissociable de sa complication
immédiate : l'embolie pulmonaire (EP). On parle dans ces cas
là de maladie thromboembolique veineuse (MTE). Il existe une
complication secondaire, le syndrome post-phlébitique.
Elle survient souvent sur un terrain prédisposant mais les
cas inexpliqués sont nombreux. Le caillot sanguin est
constitué de fibrine (protéine insoluble) associée à des
globules blancs et des plaquettes.
La TVP est une pathologie fréquente (250 000/an) et est
responsable de 10 000 décès/an par EP. Aux Etats-Unis, on
estime à 600 000 le nombre de MTE avec 30% de décès et en
France 50 000 à 100 000 cas entrainant 10% de décès.
Etiologies
Classiquement, quatre étiologies peuvent être retenues :
- chirurgicale : tout geste chirurgical est capable de générer une thrombose d'autant plus volontiers que sa durée sera longue, la pathologie sous jacente cancéreuse ou que le geste sera orthopédique (50% de TVP en chirurgie orthopédique d'urgence, contre 10% en chrirugie digestive réglée),
- médicale : les cardiopathies, les tumeurs malignes (que ce soit par compression ou par modification des facteurs de coagulation), les maladies systémiques (LEAD, Behçet, RCH, PR, les thérapeutiques antioestrogéniques ou les oestroprogestatifs, les gestes iatrogènes comme les poses de cathéters centraux ou périphériques, les syndromes de Cockett ou du défilé thoraco-brachial),
- obstétricale : les risques de thromboses sont multipliés par 6 mais l'incidence reste faible.
- anomalies de l'hémostase : le bilan de coagultion pratiqué avant la mise en route du traitement anti coagulant peut mettre en évidence un déficit en antithrombine III, en protéine C, en protéine S, une résistance à la protéine C activée RCPA (facteur V de Leiden), ou encore la présence d'anticorps anti phospholipides.
Diagnostic
La douleur spontanée ou provoquée n'est présente que dans 60%
des cas, alors que l'oedème, blanc, ne prenant pas le godet,
accompagné d'une douleur à la dorsiflexion du pied est bien
plus fréquent. Il arrive de voir une dilatation de la
circulation collatérale, en raison de la suppléance dont elle
a la charge.
.Parmi les signes généraux, on peut retrouver une tachycardie
ou un fébricule.
Le diagnostic positif respose sur l'examen
de première intention que doit être l'echodoppler pulsé
couleur qui représente le gold standard, dans des mains
expérimentées. Sa sensibilité est de 98% et sa spécificité de
97% pour les TVP symptomatiques. Le diagnostic se fait sur
l'incompressibilité veineuse et la mise en évidence du
thrombus dont l'échogénicité varie dans le temps.
Le scanner peut compléter l'echodoppler au niveau des veines
iliaques ou caves parfois difficiles à voir en échographie,
et permet le diagnostic des thromboses des veines
pelviennes.
La phlébographie permet une confirmation diagnostique de
grande fiabilité, mais on lui reproche son caractère
agressif, l'injection d'iode et son co ût (4 fois celui de
l'echodoppler - Ke 40= 76, 80 euros).
La pléthysmographie n'a plus d'indications.
Le dosage des D-dimères permet, dès lors qu'ils sont
inférieurs à 500 µg/l, d'éliminer avec une probabilité proche
de 100%, le diagnostic de TVP. Leur positivité doit être
approchée avec modération car d'autres causes sont retrouvées
(inflammation, cancers, grossesse, traumatismes, etc.).
Les diagnostics différentiels reposent sur les moyens
diagnostics cités, ce sont les kystes poplités rompus ou non,
les hématomes, les déchirures musculaires, les sciatalgies
tronquées, etc.
Il existe de nombreux cas asymptomatiques justifiant un autre
diagnostic que celui clinique. De plus de nombreuses
affections des membres inférieurs peuvent mimer la douleur
d'une TVP comme par exemple un kyste synovial poplité, un
épanchement synovial, une déchirure musculaire, une
tendinite, un lymphoedème.
Résumé des techniques possibles
d'examen :
- écho-doppler couleur (visualisation directe du vaisseau, de la thrombose et du flux à son niveau)
- pléthysmographie et la scintigraphie au fibrinogène marqué
- phlébographie
- bilan biologique et D-dimères (produits de dégradation de la fibrine, témoignant de l'existence d'une fibrinolyse physiologique active; le test ELISA est sensible de 92 à 100%, un taux bas de D-dimères écarte un processus thrombotique)
Traitement
Le traitement thrombolytique permet une dissolution rapide du
caillot, sans influence cependant sur les complications de la
maladie.
Le traitement à la phase aigüe repose sur l'héparinothérapie.
Les HBPM ont une efficacité équivalente à celle de l'héparine non fractionnée, elles sont plus stables et mieux absorbées. Leur posologie est de 100 UI/kg/ matin et soir et certaines d'entre elles (Fraxodi® et Innohep®) peuvent être actives à une seule injection par jour. Les risques de thrombopénies obligent à un dosage plaquettaire bihebdomadaire.
Le relais par un traitement AVK se fera rapidement et permettra l'interruption des HBPM dès lors que l'INR sera comprise entre 2 et 3.
Ce traitement sera maintenu en fonction de la hauteur de la thrombose et du contexte entre 1 et 6 mois. Les trhomboses récidivantes peuvent obliger à des traitements prolongés.
Les filtres cave gardent des indications extrêmement limitées à ce jour, essentiellement dans les contre indications absolues à l'héparine ou aux AVK.
La contention est indispensable dès le diagnostic car elle limite les risques de survenue d'un syndrome post phlébitique et sera le plus souvent conseillée à vie. Le décubitus strict reste la règle sauf pour les thromboses sous poplitées.
Enfin, on doit insister sur le traitement préventif qui doit être institué dès lors que les patients se trouvent dans les situations "à risques" que l'on connait.
Il associe un lever précoce, une mobilisation rapide , le respect des règles hygiéno-diététiques veineuses et la mise sous HBPM à doses préventives, selon des protocoles et des recommandations clairement établis.
Pour en savoir plus
Généralités et référentiels
Thromboses veineuses profondes
Généralités, physiopathologie, étiologies, clinique, examens
complémentaires, complications, traitement. Fiche réalisée
par le Dr. Jean-Marc Schleich du département de cardiologie
et maladies vasculaires du CHU de Rennes. Mise à jour
septembre 1998.
Thrombose veineuse profonde des membres
inférieurs
Introduction, épidémiologie, histoire naturelle, diagnostic
positif, diagnostic différentiel, diagnostic étiologique,
traitement. Fiche réalisée par J.L. Bosson de la faculté de
médecine de Grenoble. Mise à jour novembre 1997.
Insuffisance veineuse chronique des membres
inferieurs
Recommandations et références médicales parues dans le
Concours Médical, supplément au n° 42 du 14 décembre 1996.
Edité par l'Anaes.
Voir le document
Phlebologie.com
Allez dans la rubrique résumé d'articles de 1970 à 2002 puis
dans la sous-rubrique sélection d'articles complets : vous
accédez à un moteur de recherche permettant d'obtenir des
articles parues dans la revue phlébologie. Le site possède
aussi des cas d'étude.
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document
Planète ANGIO
Créé par l'Association de Formation Continue en Angiologie,
le site se veut un espace complet du domaine de l'angiologie
française : les sociétés savantes, les associations, les
urgences, le web, les images de cas cliniques. De nombreuses
rubriques restent encore en construction.
Voir le
document
Union internationale d'angiologie
Société savante publiant International Angiology et possédant
en autre un groupe de travail de surveillance des nouveaux
médicaments anticoagulants et antithrombotiques.
Diagnostic et traitement
Analyse décisionnelle dans la maladie
thrombo-embolique veineuse
Présentation d'études avec techniques statistiques et arbres
décisionnels. Exposé en format PDF réalisé par Bruno Tribout,
médecine vasculaire, CHU d'Amiens. Collège de médecine
d'urgence de Picardie, 2000.
Voir le document
Diagnostic ultrasonographique des thromboses
veineuses profondes
Edgar Sanabria, Service Médecine Nucléaire, Centre
Hospitalier de Valence. Article au format PDF, Médecine
Nucléaire - Imagerie fonctionnelle et métabolique - 2001 -
vol.25 - n°8.
Voir le document
Quantification échographique des thromboses veineuses
profondes des membres inférieurs
Publié par la revue Statistique Médicale En Ligne. Auteurs :
J.L. Bosson, M. Riachi, O. Pichot, E Michoud, P.H.
Carpentier, A. Franco. 1995.
Thrombophlébite et cancer : évaluation de la
rentabilité diagnostique de l'échographie abdominale
systématique à la phase aiguë d'une thrombose veineuse
profonde
Résumé de l'article paru dans le Journal des maladies
cardio-vasculaires. Auteurs : N. Cailleux, I. Marie, E.
Primard, F. Lecomte, J. Henry, J.P. Louvel, A. Janvresse, H.
Lévesque, H. Courtois du CHU de Rouen, 1997.
Groupe de Travail sur la Thrombose du
Canada
Le Groupe de Travail sur la Thrombose canadien propose
d'accéder à ses publications, notamment les lignes
directrices pratiques concernant le traitement de la
thrombophlébite profonde.
Substitution hormonale et thromboses : leçons de ces
cinq dernières années
Article de la revue suisse Médecine et Hygiène sur
lhormonothérapie de substitution et les risques de
thromboses. S. Regazzoni F. Luzuy F. Boehlen Y. Dimitrova P.
de Moerloose, 2002.
Recherche
Dépêches Caducee.net
Accès à l'ensemble des dépêches sur le sujet :
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Circulation
Les articles portant sur le sujet publiés dans Circulation,
la revue de l'American Heart Association.
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#COVID-19 : le point de situation épidémiologique sur le coronavirus SARS-CoV-2
Descripteur MESH : Embolie , Embolie pulmonaire , Membres , Thrombose , Thrombose veineuse , Diagnostic