La reconnaissance immunitaire par les lymphocytes T CD4 comme on ne l’avait jamais vue
Des chercheurs américains viennent de réaliser un grand pas dans l’analyse moléculaire d’une réaction cruciale pour le déclenchement de la réponse immunitaire, en l’occurrence la présentation de l’antigène aux lymphocytes T CD4. Ils ont réussi à déterminer la structure tridimensionnelle du complexe formé par le récepteur des cellules T (TCR), un peptide dérivé de l’antigène et une molécule d’histocompatibilité de classe II.
On le sait, les récepteurs des lymphocytes T identifient un peptide dérivé de l’antigène en association avec les molécules codées par des gènes du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH). Le CMH de l’Homme est appelé HLA.
Les lymphocytes T CD4 et CD8 sont respectivement spécialisés dans la reconnaissance des molécules de classe II et I du CMH. En effet, les molécules CD4 interagissent avec les molécules du CMH de classe II, et les lymphocytes qui les expriment ont essentiellement une fonction helper ou auxillaire. En revanche, les molécules CD8 interagissent avec les molécules du CMH de classe I. On les retrouve à la surface de la plupart des lymphocytes T cytotoxiques.
Ellis Reinherz et ses collaborateurs du laboratoire d’immunologie et de médecine du Dana-Farber Cancer Institute de Boston ont déterminé par analyse cristallographique la structure tridimensionnelle, à une résolution de 3,2 angströms, d'un complexe formé par une région du TCR, un peptide dérivé d’un antigène et une molécule de CMH de classe II de la souris (I-Ak).
Ce travail, publié dans la dernière livraison de Science, a été réalisé en collaboration avec des biochimistes et des pharmacologues de la Faculté de médecine de Havard (Boston) et des chercheurs du Argonne National Laboratory (Argonne, Illinois).
Ces chercheurs révèlent que l’orientation entre le récepteur T (TCR) et une molécule CMH de classe II diffère de celle observée précédemment entre le TCR et une molécule de classe I. En effet, le TCR est orienté sur un mode orthogonal par rapport au peptide présenté par la molécule CMH de classe II, alors que le mode d'accrochage du peptide étranger à la molécule CMH de classe I se fait sur le mode diagnonal.
La spécificité de ces deux orientations pourrait sous-tendre les signaux d’activation différents qui sont respectivement déclenchés dans les lymphocytes T CD4 et CD8 après reconnaissance de l’antigène.
Source : Science, vol. 286, 3 décembre 1999, 1913-21, 1867-8.
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