L'alcoolisme
Définition
Le terme alcoolisme a été utilisé pour la première fois en 1848 par le médecin suédois Magnus Huss dans une description clinique et nosographique de lintoxication éthylique.
"L'alcoolisme est toute forme d'absorption d'alcool qui
excède la consommation alimentaire traditionnelle et
courante, ou qui dépasse le cadre des habitudes
sociales."
(Dictionnaire de Médecine Flammarion, 7ème édition,
2001)
L'Organisation mondiale de la santé distingue, sur la base de la classification internationale des maladies et le Diagnostical and Statistical Manual (DSM IV) de lAmerican Psychiatric Association :
- lintoxication aiguë : elle dépend de la quantité d'alcool
absorbée et la tolérance du sujet,
- lusage : consommation répétée du produit,
- labus ou utilisation nocive :
utilisation du produit qui peut avoir des conséquences
néfastes,
- la dépendance, qui peut prendre plusieurs aspects :
> dépendance physique, ou syndrome de sevrage,
> tolérance : cest la nécessité daugmenter la dose pour
maintenir un effet ou le fait de ne ressentir aucun effet
pour une dose donnée,
> dépendance psychique : impossibilité de se passer de la
substance en dépit des problèmes que provoque sa
consommation.
Epidémiologie
(La majorité des informations sont issues du rapport de la Direction Générale de la Santé "Stratégies d'action alcool - Intensifier la prévention et le traitement des problèmes de santé liés la consommation d'alcool", novembre 2001. )
Le Haut Comité de Santé Publique a classé la lutte contre la
consommation excessive d'alcool comme une priorité de santé
publique.
On estime à 5 millions le nombre de personnes ayant des
difficultés médicales, psychologiques ou sociales en relation
avec l'alcool.
- En France, la consommation excessive d'alcool est la 2ème
cause de décès évitables.
- L'alcool est responsable de 45 000 décès par an :
> 16 000 sont dus à des cancers,
> 8 200 à des affections digestives,
> 7 600 à des maladies
cardiovasculaires,
> 7 700 à des accidents et traumatismes.
- Au total, 14% des décès masculins et 3% de décès féminins
sont dus à l'alcool.
La mortalité
- Depuis 50 ans, la mortalité a baissé régulièrement car il y
a eu une baisse continue de la consommation d'alcool en
France.
- La mortalité prématurée attribuable à l'alcool (hors
accidents et traumatismes) est particulièrement importante
chez les hommes entre 35 et 64 ans (12 à 18% selon les
groupes d'âge), elle est moindre chez les femmes mais peut
représenter 7 à 10% selon les groupes d'âge.
- Les contrastes de mortalité particulièrement la mortalité
masculine sont forts sur le territoire national selon un axe
Nord-Est / Sud-Ouest avec des régions comme la Bretagne, le
Nord-Pas-De-Calais, la Picardie qui connaissent de forts
excès de mortalité liés à la fois à l'alcool et au tabac.
Une analyse de la DREES (Etudes et Résultats N°153 de janvier 2002) souligne que la France occupe la première place au sein des Quinze pour la surmortalité masculine liée à l'imprégnation éthylique chronique, évaluée à 30 %.
La consommation
- Toutes les classes d'âge sont concernées par la
consommation d'alcool mais les usages se différencient selon
les générations et les temps de la vie :
> la consommation quotidienne d'alcool devient
majoritaire chez les hommes après 45 ans,
> chez les femmes, elle s'élève régulièrement
avec l'âge pour atteindre 33% entre 65 et 75 ans,
> entre 20 et 45 ans, le rythme de
consommation est majoritairement hebdomadaire,
> la consommation durant le week-end est
particulièrement élevée chez les jeunes (de moins de 25 ans).
- Selon l'OMS, une consommation d'alcool hebdomadaire
supérieure à 28 verres chez les hommes (14 verres chez la
femme) définit le seuil de consommation excessive. En
France,
> les hommes déclarent en moyenne 3,3 verres
et les femmes 1,8,
> quant aux consommations occasionnelles, les
consommations décalées durant les week-ends se situent
en moyenne à 5,1% chez les 20-25 ans
et dépassent 3 % dans les autres groupes d'âge.
- D'après les résultats du Baromètre Santé 2000 :
> 45% des adolescents de 15 à 19 ans ont été
ivres au moins une fois dans l'année,
> 55% pour les 20-25 ans,
> 38 % pour les 26-34 ans.
- Aujourd'hui, les experts s'accordent sur des seuils de
consommation pour une minimisation des risques. Ces
recommandations codifiées par l'OMS sont exprimées en unités
d'alcool :
(1 unité = un verre standard, 10 g d'alcool par unité ou par
verre)
Recommandations OMS pour une consommation à moindre
risque
Consommations régulières
- Femmes : pas plus de 2-3 unités d'alcool en moyenne par
jour (moins de 14/semaine)
- Hommes : pas plus de 3-4 unités d'alcool en moyenne par
jour (moins de 21/semaine)
- Au moins une fois par semaine sans boisson alcoolique
Consommations occasionnelles
- Pas plus de 4 unités d'alcool en une seul occasion
Pas d'alcool dans les circonstances
suivantes
- Pendant la grossesse
- Pendant l'enfance
- Quand on conduit un véhicule
- Quand on conduit une machine dangereuse
- Quand on exerce des responsabilités qui nécessitent de la
vigilance
- Quand on prend certains médicaments
- Dans certaines maladies aiguës ou chroniques (épilepsie,
pancréatite, hépatite virale, etc.)
- Quand on est un ancien alcoolodépendant
- Consommation totale d'alcool en 1998
> 8,1 litres de vin par habitant,
> 38,6 litres de bière par habitant et
> 2,13 litres de spiritueux par habitant.
- La consommation dalcool pur par an et par habitant estimée à 11 litres place la France au 3ème rang européen. En fait la consommation décroît rapidement depuis 1970 (25 litres) alors que la tendance est inverse dans la plupart des autres pays européens.
- La consommation de vin est dominante (54 % contre 27 % pour la bière et 19 % pour des alcools forts).
- Les modes de consommation sont variables. La consommation
de type coutumière est dominante. Les hommes consomment en
moyenne 1,9 verre et les femmes 0,7 verre dune boisson
alcoolisée par jour. Le pic de consommation se situe vers la
cinquantaine et se fait sur un mode régulier avec
dimportantes variations quantitatives. Les pratiques de
consommation évoluent. Les adolescents sont de plus en plus
des consommateurs à risque du fait dune consommation de plus
en plus précoce sur un mode discontinu. 20 % des garçons et 5
% des filles de 18 ans ont présenté des ivresses multiples
dans lannée. Drogue, alcool, tabac sont souvent
associés.
- Lalcoolisation féminine augmente nettement et les femmes
représentent aujourdhui un quart des malades ayant des
problèmes avec lalcool.
- Les frontières entre la consommation conviviale et coutumière sans danger pour la santé et la consommation à risque, inadaptée ou excessive sont difficiles à tracer. On admet quune consommation régulière de 1 à 3 verres dune boisson alcoolisée est acceptable, voire même cardioprotecteur, le seuil de risque étant fixé à 30 g dalcool par jour.
Pharmacologie de l'alcool : absorption et métabolisme
La molécule d'alcool est l'éthanol :
CH3-CH2OH.
Il est ingéré et absorbé par :
> les muqueuses buccales et oesophagiennes en très petite
quantité,
> par l'estomac et le duodénum en petite quantité et
> par la portion initiale de l'intestin grêle en grande
quantité.
L'intestin grêle est le principal site
d'absorption.
La vitesse d'absorption augmente avec la vitesse de vidange gastrique, l'absence de protéines, les graisses ou hydrates de carbone, le faible pourcentage de dilution de l'éthanol et la présence de gaz carbonique.
Une première partie de l'alcool absorbé (au maximum 20%) va
être métabolisée
Le reste se répand dans la circulation sanguine :
> en 45 minutes si le sujet est à jeun,
> en 90 minutes si l'alcool est ingéré au
cours d'un repas.
Une fois dans le sang, la distribution de l'éthanol se fait
en quelques minutes vers le foie, le coeur, les poumons, les
reins, le cerveau...
90% de l'alcool ingéré est éliminé par le foie, le reste est
évacué par l'urine, la sueur, l'air expiré ou bien
métabolisé. Le foie prend en charge l'essentiel du
métabolisme de l'alcool.
Deux voies de métabolisme :
- dans le cytoplasme cellulaire par la voie de l'alcool
désydrogénase (ADH),
- par les microsomes du réticulum endoplasmique.
Ces voies conduisent à la formation d'acétaldéhyde qui est
ensuite oxydé en acétate.
Complications liées l'alcoolisme
Consommé en excès pendant plusieurs années, l'alcool exerce des effets redoutables sur l'organisme. Comme il passe directement dans le sang, les principaux organes sont touchés.
1. Les complications digestives et ORL
- Manifestations hépatiques
> stéatose (surcharge lipidique,
hépatomégalie)
> hépatite alcoolique
> cirrhose alcoolique (complications liées à
la cirrhose : hémorragies digestives, ictère,
infections, cancer du foie).
La durée d'intoxication nécessaire pour développer une
cirrhose est estimée à au moins 10 ans chez la femme et 15
ans chez l'homme pour des doses quotidiennes plus faibles
chez la femme. Le risque de développer une cirrhose
deviendrait important à partir de 30 g d'alcool par jour chez
la femme (50 g chez l'homme). Après le diagnostic d'une
cirrhose, 40 à 80 % des patients décèdent dans les 5 ans. En
France, en 1998, on a recensé environ 9 000 décès par
cirrhose alcoolique. La transplantation hépatique reste un
ultime recours en cas de cirrhose alcoolique sévère.
- Manifestations pancréatiques
> pancréatite aiguë ou chronique
> poches de nécrose
> diabète
- Manifestations oesophagiennes
> reflux gastro-oesohagien
> oesophagite ulcéreuse (complication du
reflux gastro-oesophagien)
> oesophagite chronique
> varices oesophagiennes
> cancer de l'oesophage
> syndrome de Mallory-Weiss : il est rare et
est caractérisé par une dilacération de la muqueuse du bas
oesophage et du cardia sous l'effet de traumatismes variés
(comme la consommation excessive d'alcool) responsable
d'hémorragies digestives.
- Manifestations de l'intestin grêle
> lésions hémorragiques de la muqueuse
duodénale
> diarrhées secondaires à une motricité accrue
de l'intestin grêle et d'une malabsorption en eau et
électrolytes.
- Manifestations gastriques
> gastrite alcoolique aiguë ou chronique
> altérations de la muqueuse gastrique
(hémorragies digestives)
- Au niveau de la cavité buccale
> douleurs à la déglutition
> altération de la voie
> état dentaire médiocre liée à une hygiène
buccale peu suivie
> hypersalivation
2. Les complications neurologiques
Les changements de comportement lors d'une prise d'alcool
varient en fonction de la dose d'éthanol ingérée
> effet psychostimulant si l'alcoolémie
(exprime la concentration d'alcool dans le sang) ne dépasse
pas 0,5 g/l de sang. Il s'accompagne d'une désinhibition qui
peut engendrer des comportements à risque (au volant d'une
voiture par exemple)
> effet sédatif au delà.
- A long terme, plus de 50 % des consommateurs excessifs
souffrent de troubles cognitifs : affection
de la mémoire, des capacités visuomotrices et perceptives, de
la praxie...
- Plus grave, les syndromes de Wernicke et
Korsakoff
> le syndrome de Gayet-Wernicke est
l'association d'un syndrome confusionnel, d'une ataxie, de
paralysies oculomotrices de fonction et parfois de troubles
végétatifs et troubles de la conscience en rapport avec un
déficit en thiamine (vitamine B1).
> le syndrome de Korsakoff est caractérisé par
l'association de troubles de la mémoire (amnésie
antérograde), d'une désorientation temporelle, de fausses
reconnaissances et de fabulation. Dans 80 % des cas, ce
syndrome succède à l'encéphalopathie de Wernicke.
- Delirium tremens
C'est une affection gravissime liée à la suspension brutale
de l'intoxication qui se manifeste par : confusion mentale,
anomalies de la perception (erreur d'interprétation,
hallucinations), perturbation du rythme veille-sommeil avec
insomnie ou somnolence diurne, augmentation ou diminution de
l'activité psychomotrice, désorientation temporo-spatiale,
non reconnaissance des personnes de l'entourage, troubles de
la mémoire, épilepsie, crise convulsive généralisée.
- Epilepsie
L'alcoolisme apparaît comme la première cause d'épilepsie
tardive de l'adulte. Les crises épileptiques des personnes
alcooliques sont dans 20 à 40 % des cas liées au sevrage.
Celles directement liées à une intoxication aiguë (ivresse)
ne représentent que 1 à 2 % des crises convulsives chez les
alcooliques.
- L'alcool augmente le risque de décès par accident
vasculaire cérébral.
- Démence alcoolique
Une consommation quotidienne de moins de 60 g/jour, par
rapport à une consommation nulle, entraîne des perturbations
sur la mémoire, l'apprentissage, la vitesse psychomotrice,
l'appréciation de l'espace, la capacité de raisonnement et le
raisonnement complexe. L'alcoolisation chronique peut
affecter les processus intellectuels (déficit du jugement,
troubles de la mémoire importants, imprécision des idées,
obnubilation et désorientation) et les processus affectifs,
la conscience morale et sociale (indifférence aux
responsabilités, déchéance pouvant amener à des actes
délictueux).
- Les buveurs peuvent être victimes
d'illusions (sensations déformées à partir
d'un élément sensoriel réel) ou
d'hallucinations (sensations perçues sans
élément sensoriel réel). Les personnes alcooliques sont
conscientes de leurs illusions. Au contraire des
hallucinations, qui peuvent conduire le sujet à des actes
délictueux, dangereux pour lui ou son entourage.
- La consommation d'une très forte quantité d'alcool peut
provoquer un coma éthylique. Il s'agit d'un
coma toxique ou métabolique, qui est fréquemment associé à
une hypotonie musculaire, une dépression respiratoire, une
hypotension et une hypothermie.
3. Les complications cardio-vasculaires
- La cardiomyopathie est fréquente chez les
buveurs chroniques d'alcool. Elle se caractérise par une
cardiomégalie (augmentation anormale du volume du coeur). Le
sujet souffre de douleurs dans la poitrine, de palpitations,
de toux nocturnes, éprouve une fatigabilité anormale et
parfois des difficultés à respirer.
- La consommation chronique dalcool entraîne une
élévation de la pression artérielle.
Près de 50 % des buveurs présentent une hypertension
artérielle, qui peut être associée à des complications,
notamment des troubles du rythme cardiaque et une angine de
poitrine. La relation entre la consommation chronique dalcool
et lélévation de la pression artérielle devient plus nette
après 40 ans. Lhypertension artérielle est notamment observée
chez des sujets consommant entre 20 et 40 g dalcool par jour.
Celle-ci diminue lors du sevrage et augmente à nouveau en cas
de rechute.
- La consommation chronique d'alcool peut provoquer des
troubles du rythme cardiaque (tachycardie,
palpitations). Dans la majorité des cas, le retour à un
rythme normal se fait spontanément en 24 heures.
Les troubles du rythme cardiaque s'observent chez les sujets
alcooliques atteints d'une cardiomyopathie alcoolique, à
l'occasion d'une surconsommation d'alcool, au cours d'un
sevrage alcoolique. Les troubles du rythme cardiaque peuvent
également se manifester chez des personnes non alcooliques,
dont le coeur ne présente aucun problème, à l'occasion d'une
forte consommation d'alcool.
- Il existe un effet protecteur cardiovasculaire pour de faibles doses d'alcool consommées quotidiennement. L'effet bénéfique d'une consommation modérée d'alcool a été rapporté pour des populations de plus de 40 ans mais ne tient pas compte des décès prématurés et des pathologies engendrées par cette consommation.
4. Les complications hématologiques
- Altération aiguë des globules rouges : augmentation de la
taille et anémie modérée.
- L'alcoolisme chronique peut également diminuer la
production des cellules de la lignée blanche.
- Thrombopénie de gravité modérée.
5. Appareil génital, fonctions sexuelles
- Atrophie testiculaire irréversible avec rétraction des
tubes séminifères et perte des cellules de la
reproduction.
- Aménorrhée.
- Diminution de la taille ovarienne avec absence de corps
jaune.
- Infertilité et avortements spontanés répétés.
6. complications embryo-foetologiques
L'alcool traverse aisément la barrière placentaire passant
ainsi de la mère à l'enfant.
Une consommation importante d'alcool, d'au moins 100 grammes
d'alcool par jour, pendant toute la durée de la grossesse,
expose l'enfant à un risque élevé (30 à 40 %) de syndrome
d'alcoolisme foetal.
Le syndrome d'alcoolisme foetal représente la troisième cause
de retard mental congénital et est à l'origine d'un tiers des
naissances prématurées.
On lui associe :
- des malformations crânio-faciales :
réduction de la taille du crâne, une mâchoire inférieure plus
petite et en retrait...
- un retard de croissance global affectant
la taille, le poids et le crâne.
- des anomalies du système nerveux :
atrophie du cerveau, développement incomplet de celui-ci.
- des malformations d'organes: les malformations les plus fréquentes concernent le coeur, les organes génitaux externes et les articulations.
Prise en charge du malade alcoolique
L'accompagnement du malade alcoolique s'inscrit dans le temps et va nécessiter un travail d'équipe simultané et concerté car l'alcoolisme est une pathologie globale, médicale, sociale et psychologique. Le but est d'inciter le patient à se prende en charge.
1. La préparation
Un programme d'accompagnement va être proposé au malade.
L'Anaes* recommande la remise commentée, avant le sevrage,
d'un livret comportant des informations sur la maladie
alcoolique, le sevrage, l'intérêt de l'accompagnement et du
suivi, les coordonnées des acteurs et des contacts présents
dans ces dispositifs.
* Modalités de l'accompagnement du sujet alcoolodépendant
après un sevrage - Conférence de consensus de l'Anaes, 7 et 8
mars 2001.
2. Le sevrage
C'est la phase incontournable et initiale du traitement de l'alcoolodépendance. Son but est de modifier le comportement du patient et mettre en place une abstinence dans un objectif de maintien à long terme.
- le sevrage ambulatoire
Il est basé sur un "pari" d'abstinence à court terme (10 jours) et médicalement assisté. Il est possible chez un patient motivé ne présentant pas de complications majeures. Il présente l'avantage de ne pas déraciner le patient de son milieu familial. Le patient en sevrage ambulatoire ne doit pas être seul et doit être suivi tous les jours par un membre de l'équipe médicale pendant la période critique au cours de laquelle peut survenir un delirium tremens.
- le sevrage hospitalier court
Il dure de une à trois semaines et est indiqué chez un patient seul, anxieux, présentant des complications médicales ou une situation de conflit familial. Ce sevrage a lieu dans un service de médecine compétent en alcoologie.
- le sevrage hospitalier long
Il s'agit d'une "cure" pratiquée en centre spécialisé. Elle est réservée aux patients ayant connu des échecs et à ceux présentant des complications importantes ou de troubles psychologiques majeurs. La "cure" est habituellement de quatre semaines.
3. La consolidation
Elle est à poursuivre pendant plusieurs mois par une équipe
pluridisciplinaire et s'appuie sur toutes les actions
sociales, psychologiques, corporelles, associatives,
culturelles et médicales auxquelles le patient alcoolique
doit avoir recours pendant toute sa période
d'accompagnement.
Ce sont :
(source : "Modalités de l'accompagnement du sujet
alcoolodépendant après un sevrage" Conférence de consensus
Anaes, 7 et 8 mars 2001)
- Le soutien psychologique : c'est le
fondement même de la prise en charge de l'alcoolique. Il doit
être assuré par un thérapeute formé.
- La psychanalyse et les psychothérapies
d'inspiration analytique. Elles doivent soumettre
leurs résultats à une évaluation pour être
recommandées.
- Les thérapies cognitives et
comportementales. Ayant fait l'objet d'évaluation
positive, elles doivent être encouragées et utilisées par un
personnel formé spécifiquement pour l'alcoolodépendance
(recommandation grade B).
- Les groupes de parole et autres thérapies de
groupe. Pour le moment, aucun élément d'évaluation
ne permet d'encourager ou décourager ce type d'intervention
mais les professionnels sont plutôt favorables.
- Les ateliers thérapeutiques : ils peuvent
être intégrés dans une dynamique de soins et animés par des
professionnels.
- Les moyens socio-éducatifs : une
évaluation sociale du patient doit être systématiquement
réalisée le plus précocément dans la prise en charge
(recommandation grade C).
- Les mouvements d'entraide. Ils doivent
toujours être proposés aux patients alcoolodépendants
(recommandation grade C).
- L'accompagnement de l'entourage : il doit
être recommandé le plus fréquemment et précocément
possible.
- Thérapie conjugaleet
familiale : elle s'impose. Il faut être très
vigilant quant aux éventuelles violences intra-familiales et
les violences sur les enfants.
- Intervention en milieu carcéral : près de
25 % des gens incarcérés seraient alcoolodépendants.
L'alcoolisme devrait y être considéré avec ses spécificités.
4. Les moyens médicamenteux
Ils interviennent en complément de la prise en charge psychosociale.
- en période de sevrage
La réhydratation est essentielle en période
de sevrage car les reins vont continuer à éliminer une
quantité de liquide correspondant au volume de boissons
ingérées avant le sevrage. Tout accident de déshydratation
peut provoquer un delirium tremens.
> par voie orale,
> par perfusion si besoins nécessaires très importants.
Les anxiolytiques (essentiellement les
benzodiazépines)
Pour éviter le syndrome de sevrage provoqué par la
suppression de l'effet calmant de l'alcool.
Les vitamines du groupe B permettant au système nerveux de reconstituer les gaines de myéline lésées par l'alcool et des apports insuffisants en vitamine.
Les anxiolytiques
Les Hypnotiques
(somnifères)
Les neuroleptiques
Les antidépresseurs
- en période de consolidation
Les "interdicteurs" ou "antabuses"
(Disulfirame)
Son utilisation provoque chez le sujet consommant de l'alcool
une réaction très désagréable faite de sensations de malaises
avec anxiété et troubles neuro-végétatifs. D'autres réactions
graves ont été décrites : coma, collapsus cardiovasculaire
voire décès.
La consommation d'alcool semble moindre chez les patients qui
font l'expérience d'une réaction antabuse.
Le faible nombre d'études ne plaide pas en faveur de son
utilisation dans le maintien de l'abstinence. Des enquêtes de
pharmacovigilance sont donc nécessaires pour évaluer
véritablement le Disulfirame.
Les "additolytiques"
Ils agissent sur les mécanismes de la dépendance et visent à
réduire l'appétence pour l'alcool :
> L'Acamprosate
La durée du traitement recommandée par l'AMM est de 1 an à la
posologie de 6 comprimés par jour pour un poids supérieur à
60 Kg (4 comprimés pour un poids inférieur à 60 Kg). Le
principal effet indésirable est la diarrhée qui est dose
dépendante.
> Naltrexone
La durée du traitement recommandée par l'AMM est de 3 mois.
La posologie est de 1 comprimé par jour. Les effets
indésirables les plus fréquemment rencontrés sont des nausées
et des céphalées. Ce médicament ne doit pas être utilisé chez
des sujets en état de dépendance aux opiacés. Le Naltrexone
améliorerait l'abstinence en réduisant l'envie compulsive de
boire (craving).
» Pour en savoir plus :
Les dépêches d'actualités de caducee.net sur les bienfaits et les méfaits de l'alcool
Généralités
Les effets sur la santé de la consommation modérée
d'alcool
Présentation, repères, le mandat, historique, les origines du
paradoxe français, la question de recherche, une dose
d'alcool, les principaux résultats.
Par Hortense Fournier, M.Sc. et Louise Nadeau, Ph.D. -
Département de Psychologie, Université de Montréal
1997.
Alcoweb
Serveur web de l'acool & de l'alcoolisme : site conçu et
financé par le laboratoire Merck-Lipha destiné en priorité
aux professionnels de santé.
Glossaire, revue de presse, prévention, alcool & santé,
questions-réponses, littérature, associations.
Pour les effets de l'alcool sur la santé : maladies causées
par l'abus d'alcool, traitement, aspects sociaux, aspects
légaux et économiques, statistiques, différences liées au
sexe.
Voir le
document
Alcoolisme
Définition, classification, épidémiologie, dépistage,
co-morbidité, complications, prise en charge.
Polycopié de santé de l'université de Lyon - Nutrition
(Question 45 - Module 3), année 2001.
Alcool : Effets sur la santé
Les principales pathologies liées à la consommation excessive
d'alcool - Mettre en place des campagnes d'information et de
prévention qui tiennent compte de l'âge des consommateurs -
Certaines situations réclament encore plus de vigilance -
Tout le monde ne réagit pas de la même manière à
l'alcool.
Expertise collective de l'Inserm. Dossier de presse, Paris,
le 20 septembre 2001.
Alcool
Consommation, conséquences, traitement, production et
commerce, imposition. Sur le site de l'Institut suisse de
prévention de l'alcoolisme et autres toxicomanies.
Alcoolémie et toxicomanie : dépistage sur le lieu de
travail
Les interdictions, les conditions de recours au dépistage,
les modalités de dépistage et garanties.
Dossier de l'INRS, 2001. D'après : Monica Ferreira -
"Alcoolémie et toxicomanie : dépistage sur le lieu de
travail", extrait de Travail et Sécurité , mars 2001,
pp.14-15.
Conduites alcooliques - Intoxication aiguë ou
chronique
Facteur étiopathogéniques de l'alcoolisme - Intoxications
alcooliques aiguës - Intoxications alcooliques chroniques -
Traitements.
Cours de Psychiatrie de DCEM3. Par François Pinabel. Question
d'internat n°236 et 237.
Alcoholism
Page entièrement consacrée à l'alcoolisme avec une multitude
de liens sur le sujet : news, données du NIH, informations
générales, essais cliniques, recherche, traitement.
Dernière mise à jour : avril 2002.
Voir le
document
Complications de l'alcoolisme
Les pancréatites chroniques alcooliques
(PCA)
Circonstances de découverte - Eléments du diagnostic -
Diagnostic de certitude - Evolution naturelle -
Thérapeutique.
Consultations du Corpus Medical. Par J. Fournet- Septembre
1997.
Prise en charge de l'alcoolisme
- aspects médico-légaux
Alcoolisme : Aspects médico-légaux
Obligation de traitement pour les alcooliques dangereux pour
autrui - Législation anti-alcoolique routière - Boissons
alcoolisées.
Par le Dr. François Paysant du CHU de Rennes, 1998.
- accompagnement et prise en charge
Modalités de l'accompagnement du sujet
alcoolodépendant après un sevrage
Quels sont les acteurs et les moyens de l'accompagnement ?
Comment organiser l'accompagnement (y compris lieu, modalités
et durée) ? Comment gérer les compensations, les transferts
de dépendances et les associations d'autres substances
psycho-actives (usage nocif ou usage avec dépendance) ?
Quelle attitude adopter en cas d'association à d'autres
troubles ? Comment évaluer l'accompagnement du sujet
alcoolodépendant sevré ?
Conférence de consensus de l'Anaes, 7 et 8 mars 2001.
La conférence de consensus
Prise en charge péri-opératoire d'un patient
éthylique
Définition, Diagnostic clinique et biologique de l'alcoolisme
chronique, Conséquences de l'alcoolisation chronique,
Complications, Modifications hématologiques et hémostatiques,
Agents anesthésiques et alcoolisation chronique, Anesthésie
du patient alcoolique chronique en dehors d'une intoxication
aiguë, Période peropératoire, Période postopératoire,
Bibliographie.
Par Bertrand Debaene, François Lebrun du Département
dAnesthésie Réanimation, CHU de Poitiers. Juin 1999.
Voir le
document
Protocole de sevrage ambulatoire du sujet
alcoolodépendant
La longue phase du pré-sevrage - Elaborer un protocole de
sevrage avec son patient.
Page destinée au médecin traitant qui souhaite prendre
lui-même en charge à domicile le sevrage de son patient
dépendant de l'alcool, au lieu de recourir systématiquement à
une hospitalisation.
Par le Dr François-Marie Michaut, responsable du Centre de
Cure Ambulatoire en Alcoologie de la Rochelle.
Voir le document
- associations, organismes
ANPA
Site de l'association nationale de prévention de l'alcoolisme
: présentation et objectifs, comprendre le risque alcool,
prévention, conseils, contacts et adresses, la revue "alcool
ou santé".
IREB
L'Institut de recherches scientifiques sur les boissons est
un organisme de recherches et une source de documentation et
d'information sur l'alcool. Plus de deux cent cinquante
programmes de recherches biomédicales ou en sciences sociales
ont été subventionnées à ce jour.
Voir le
document
CDPA
Le Comité Départemental de Prévention de l'Alcoolisme du Nord
est un point dappui spécialisé pour tous ceux qui souhaitent
simpliquer concrètement dans la prévention des conséquences
dommageables liées aux conduites dalcoolisation : recherches
documentaires, dernières nouvelles, forum, présentation du
CDPA Nord.
SAFERA
SAFERA est un organisme incorporé et à but non-lucratif fondé
en 1998 dont la mission est de sensibiliser la population aux
effets de l'exposition prénatale à l'alcool et de fournir des
renseignements sur le SAF/EAF. Le SAF est un handicap
permanent causé par l'exposition de l'embryon et du foetus à
l'alcool pendant la grossesse.
GRA
Présentation du Groupement Régional d'Alcoologie,
réalisations, bloc notes, supports pédagogiques, ressources
alcoologiques, documentation, liens utiles, agenda.
Voir le
document
Alcooliques anonymes France
Site officiel de AAFrance : informations, les réunions de
groupes et intergroupes, nouvelles de la vie des groupes,
calendrier des conventions et congrès, autres serveurs
francophones.
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GRAL
Site du Groupement Régional d'Alcoologie du
Languedoc-Roussillon : présentation et missions, le réseau
régional, espace adhérents, liens et revues bibliographiques,
informations et prévention, espace discussion.
Voir le
document
Action nouvelles
Bulletin officiel du Centre canadien de lutte contre
l'alcoolisme et les toxicomanies.
Prévention
Stratégie d'action alcool : Intensifier la prévention
et le traitement des problèmes de santé liés à la
consommation d'alcool
Par le Ministère de la Santé, novembre 2001.
Le syndrome de l'alcoolisme foetal
SAF / EAF
Syndrome de l'alcoolisme foetal / Effets de l'alcool sur le
foetus. Présentation et missions de Santé Canada sur le
problème de l'alcoolisme foetal. Liens vers de nombreux
documens traitant du SAF.
Voir le
document
Rapport concernant le symposium sur le syndrome
d'alcoolisme foetal et les effets de l'alcool sur le
fStus
Prévention - Mobiliser le secteur de la santé - Rendre les
systèmes plus responsables - Satisfaire les besoins immédiats
- Groupe à risque - Bâtir un élan.
Vancouver (Colombie Britannique) du 30 septembre au 2 octobre
1992.
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Meilleures pratiques : Syndrome d'alcoolisme foetal /
Effets de l'alcool sur le foetus et les effets de autres
drogues pendant la grossesse
Introduction - Epidémiologie de la consommation d'alcool et
la grossesse - Epidémiologie de la consommation d'autres
substances et la grossesse - Prévention - Identification du
syndrome d'alcoolisme foetal et des effets connexes -
Interventions pour les personnes affectées par l'alcoolisme
et la toxicomanie prénatale - Enoncé des meilleures
pratiques.
Publication de Santé Canada, décembre 2000.
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L'alcool et la grossesse
Données de l'ENSP et de l'ELNEJ - Définitions des termes clé
- Effets de l'exposition à l'alcool avant la naissance -
Consommation d'alcool au cours de la grossesse - Limites des
données - Résumé - Complément d'informations -
Références.
Par le Système canadien de surveillance périnatale,
1998.
L'alcool au féminin
Philippe Wagheamacker est gastro-entérologue à la clinique de
Grande Synthe à Dunkerque. Il est chef de service
d'orientation de gastro-entérologie et d'alcoologie. Il
explique les méfaits de l'alcool, l'importance des centres de
cures, du rôles des soignants vis a vis des malades.
#COVID-19 : le point de situation épidémiologique sur le coronavirus SARS-CoV-2
Descripteur MESH : Alcoolisme , Absorption , Métabolisme , Pharmacologie