La biotechnologie contribue-t-elle à assurer un approvisionnement alimentaire durable ?
Pour mieux comprendre les effets de la biotechnologie sur l'environnement - et par conséquent sur les récoltes - EUFIC a interviewé Klaus Ammann, une autorité reconnue en matière d'écologie végétale et maître de conférence à l'université de Berne en Suisse, qui étudie depuis longtemps l'interaction entre les récoltes génétiquement modifiées et l'environnement.
A propos de l';interaction entre la biotechnologie et l'environnement, le Dr. Ammann déclare : "Les nouvelles méthodes agricoles contribuent de manière importante au développement écologique de la terre. Le simple fait que ces méthodes réduisent considérablement l'utilisation de pesticides chimiques et d'herbicides représente un avantage important. Pour le moment, ces méthodes ne s'appliquent qu'aux régions de monoculture de l'Amérique du Nord qui sont immenses : les réductions s';y comptent en millions de litres".
"La preuve n'a pas encore été faite que l'on puisse espérer les mêmes avantages de régions plus petites tournées vers la polyculture. Mais ce n'est pas en rejetant d'emblée toute idée d'OGM (organisme génétiquement modifié) qu'on le saura. La recherche privée et publique doit s'efforcer de développer pleinement le potentiel économique de la biotechnologie. Ce qui englobe l'adaptation de certains types de récoltes aux conditions sociologiques et écologiques propres à nos régions. Aujourd'hui, on entend parler d'une antinomie entre la biotechnologie et le l';agriculture biologique, alors qu'ils font tous deux partie d'une seule et même solution. La biotechnologie peut aider le fermage organique et elle peut faciliter la gestion des ressources en eau en réduisant notamment l'utilisation de pesticides".
Restons-en aux faits
Pour ce qui est des risques, le Dr. Ammann insiste qu' "ils existent dans tous les domaines de la vie. Inutile de rêver d'un risque zéro dans ce domaine come dans les autres. Il y a certes des inconvénients, car certains insectes utiles souffrent des méthodes biotechnologiques. Mais il n';existe aucun danger véritable. De plus, les pesticides actuels sont nettement plus nocifs. Ils détruisent 60% des insectes utiles, soit trois fois plus que la biotechnologie moderne".
"Les méthodes traditionnelles ont entraîné des caractéristiques indésirables pour certaines plantes. Maintenant que la biotechnologie est sous les projecteurs, ce phenomène fait l'objet d'un débat. Toute technologie nouvelle suscite la crainte. La biotechnologie n'y échappe pas. Pourtant, de nombreux tests scientifiques montrent de manière indiscutable que les peurs collectives sont le plus souvent sans fondement".
Pour une meilleure production alimentaire
"Je suis sûr que la biotechnologie moderne va nous permettre de produire dans de meilleures conditions", continue le Dr. Ammann. "Le maïs Bt est un exemple. La modification génétique, qui va permettre de produire un soja plus écologique, en est un autre. Les huiles aux qualités nutritionnelles améliorées en sont un troisième. Les progrès de la biotechnologie sont constants et vont entraîner une amélioration progressive des méthodes de production".
Une meilleure coopération
Le Dr. Ammann pense que l'Europe doit faire preuve de davantage d'ouverture à l'égard de la biotechnologie des récoltes. "Le maïs Bt est maintenant accepté" constate-t-il. "Il en va de même pour le soja. Le colza suivra bientôt. Il est probable que les méthodes biotechnologiques vont progressivement s'appliquer à la majorité des récoltes. Pourtant, les Etats-Unis ont approuvé la modification génétique pour beaucoup plus de récoltes que l'Europe. Si ces récoltes ou leur dérivés sont importés en Europe, des questions d'autorisation doivent être résolues".
"En général, il nous faudrait accélérer le processus d'harmonisation, en Europe et dans le reste du monde. Si l'on parvient à harmoniser les brevets à l';échelle planétaire dans d';autres domaines, pourquoi pas dans celui de la biotechnologie ? L'important est d'introduire une notion de procédures d'évaluation du risque et d';inciter les producteurs à prendre l'engagement de fournir des informations claires".
"Il est dommage que pour certains, biotechnologie et développement durable soient contradictoires. Mes études m'ont en fait convaincu du contraire : la biotechnologie a son rôle à jouer, et ce rôle est important".
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