La spondylarthrite ankylosante
Définition
La Spondylarthrite Ankylosante (SA) ou pelvispondylite
rhumatismale est le deuxième rhumatisme inflammatoire
chronique après la polyarthrite rhumatoïde. Elle touche plus
de 300 000 personnes en France et environ 1,5 million en
Europe. Cette maladie atteint de préférence une population
jeune (entre 15 et 50 ans) et n'épargne pas l'enfant. Elle
est plus communément rencontrée chez l'homme avec un
sexe-ratio de 2,5 hommes pour une femme.
La SA est associée au gène présent chez 95 % des patients
mais qui n'explique que 30 à 40 % de la prédisposition
génétique : le gène HLA-B27.
La SA touche essentiellement les articulations du bassin et
celles de tous les segments de la colonne vertébrale laquelle
peut être déformée au bout de quelques années (cyphose). Les
formes invalidantes et graves concernent 25 à 30 % des
patients.
Etiologie
La cause de la SA reste inconnue mais il existe certains facteurs favorisants : ce sont les facteurs génétiques et les facteurs environnementaux.
Facteurs génétiques
- On connait des formes familiales de SA (10 % des cas) mais
elles sont surtout fréquentes chez les SA féminines.
- La SA est liée à la présence, chez les patients, d'un
antigène particulier du complexe d'histocompatibilité :
HLA-B27. Environ 90 % des malades blancs européens sont
porteurs de cet antigène alors que la fréquence du B27 dans
la population est de 5 à 14 % selon les pays d'Europe.
- La SA touche essentiellement les hommes : 9 hommes pour une
femme, mais il est probable que la fréquence des cas féminins
soit sous-estimée du fait de leur atypie ou de leur caractère
plus fruste.
- L'âge de début de la maladie se situe plus de une fois sur
deux dans la troisième décennie.
Facteurs d'environnement
- La SA peut faire suite à une arthrite réactionnelle. En
effet, certains rhumatismes inflammatoires surviennent après
une infection bactérienne (Salmonella, Shigella, Yersinia,
Campylobacter...) ou virale. Une partie des constituants du
germe (protéines, ARN ribosomal ou ADN) sont encore présents
dans l'organisme laissant penser qu'ils peuvent déclencher
une réaction inflammatoire de la synoviale articulaire.
- Les manifestations articulaires peuvent aussi être
associées à des signes cutanés, muqueux, génito-urinaires et
intestinaux constituant alors le . De fréquence modérée mais
probablement sous-estimée, le Fiessinger-Leroy-Reiter (FLR)
est à connaître car si son évolution est la plupart du temps
bénigne, il peut évoluer vers la spondylarthrite
ankylosante.
- D'autres affections peuvent s'associer à la SA : maladie de
Crohn, rectocolite ulcérohémorragique, maladie de Whipple.
Manifestations cliniques
La SA touche essentiellement les articulations du bassin et celles de tous les segments de la colonne vertébrale (dorsal, lombaire et cervical). La souffrance du patient est importante. Elle perturbe le sommeil et détériore la qualité de la vie.
La SA débute généralement par des douleurs au rachis lombaire et au bassin. Les douleurs rachidiennes sont fréquentes, accompagnées de raideur surtout matinale. Elles s'accompagnent également d'irradiations dans les fesses voire vers l'arrière des cuisses selon un trajet crural postérieur.
Les articulations des membres ne sont pas épargnées : mains, épaules, genoux, chevilles et pieds, hanche. Le pied est fréquemment atteint, en particulier le talon (talalgie), ce qui peut rendre la marche pénible, difficile, voire impossible dans des cas rares. Cette atteinte est due à l'inflammation des attaches des tendons à l'os (enthésiopathies).
Les autres signes sont :
- une uvéite antérieure aiguë (inflammation d'une partie de
l'Sil), volontiers récidivante, qui survient à des moments
variables de l'évolution de la SA. Elle provoque une rougeur
et une douleur de l'Sil ; elle nécessite des soins
spécialisés urgents pour éviter des séquelles compromettant
la vue.
- une urétrite non gonococcique (cervicite chez la
femme),
- une sacro-iliite à la radiographie,
- la présence de l'antigène HLA B27,
- l'amélioration des douleurs par les anti-inflammatoires non
stéroïdiens.
La maladie évolue par poussées. Une forme d'ankylose peut
s'installer. Dans les cas les plus sévères, la maladie peut
provoquer une déformation de la colonne vertébrale en
cyphose.
Lors d'une poussée, une asthénie physique s'installe pouvant
dans des cas extrêmes provoquer une véritable dépression
réactionnelle.
Les formes invalidantes et graves concernent 25 à 30 % des patients atteints de spondylarthrite ankylosante.
Diagnostic
Le diagnostic de la SA repose sur des critères cliniques, radiographiques et biologiques.
Signes cliniques
- Douleurs rachidiennes : initialement intermittentes, elles
sont souvent plus durables, évoluant par périodes de
plusieurs semaines ou mois.
- Arthrites périphériques : elles s'observent au cours de
l'évolution chez 50 à 70 % des malades. Il s'agit surtout
d'atteinte inflammatoire proximale, des épaules et
coxofémorales, plus rarement d'une atteinte des genoux ou des
pieds.
- Manifestations viscérales : elles sont d'inégale fréquence.
L'oeil est l'organe le plus touché (uvéite antérieure). Mais
d'autres manifestations viscérales sont propres à la SA :
insuffisance ventilatoire restrictive, liée à la rigidité de
la paroi thoracique, insuffisance aortique et troubles de la
conduction auriculoventriculaire...
Signes radiographiques
On réalise un grand cliché radiographique permettant de voir
l'incidence de la maladie sur la jonction dorsolombaire, le
rachis lombaire, les articulations sacro-iliaques et
coxofémorales.
Les signes radiologiques sont :
- Signes d'arthrite sacro-iliaque (sacro-iliite).
Classiquement, ces signes sont bilatéraux et plus ou moins
symétriques mais au début ils peuvent prédominer d'un
côté.
- Signes rachidiens : on distingue les atteintes du corps
vertébral et celles de l'arc postérieur.
- Signes articulaires ou tendinopériostés : les signes
d'arthrite périphérique sont non spécifiques. Il faut
insister cependant sur les images d'ossification ou
d'ankylose articulaires, bien particulières à la SA et qui
s'observent aux cours des coxites. Les ossifications
sous-périostées peuvent s'observer au bassin, aux talons.
Signes biologiques
- La vitesse de sédimentation est habituellement élevée au
cours des poussées mais elle peut rester normale tout au long
de l'évolution (20 % des cas). Normale, elle ne peut faire
exclure le diagnostic si le tableau radio-clinique est
évocateur : on sait en effet que quelques spondylarthrites
ankylosantes peuvent évoluer vers une grande invalidité alors
que la vitesse de sédimentation reste normale pendant toute
l'évolution.
- La présence de l'antigène HLA B27 est un fort argument de
présomption s'il est associé au syndrome clinique et à des
signes radiologiques débutants. A lui seul, il ne saurait
faire porter le diagnostic de spondylarthrite ankylosante.
Diagnostic différentiel
La liste des affections pouvant être confondues avec la SPA est longue. Les principales sont : les arthrites d'origine infectieuse (tuberculose, brucellose, salmonellose...), une hyperparathyroïdie, une ochronose (alcaptonurie), une ostéochondrose, une hyperostose vertébrale ankylosante, une discarthrose, une polyarthrite rhumatoïde...
Traitement
Le traitement de la SA est purement symptomatique et vise à limiter l'inflammation articulaire et à prévenir les attitudes vicieuses.
Traitement médical
- Le repos complet est préconisé lors des poussées
douloureuses
- Moyens médicamenteux :
* Anti-inflammatoires non stéroidiens (AINS). Ils ont une
tolérance gastrique médiocre lorsqu'ils sont pris de façon
prolongée
* Corticoïdes. Ils sont moins efficaces mais sont souvent
utilisés en cas d'ulcère gastroduodénal provoqué par les
traitements précédents. On les utilise lors de traitements
locaux comme des infiltrations locales de corticoïdes au
niveau du genou en cas d'arthrites ou lors de la pose d'une
prothèse de hanche.
* Traitements de fond : ils sont surtout utiles en cas
d'atteinte articulaire périphérique et/ou en cas d'atteinte
extra-rhumatologique. Par contre, leur intérêt dans les
formes axiales de la maladie reste discuté. Les médicaments
les plus couramment utilisés sont la salazosulfapyridine
(posologie habituelle : 2g par jour), les sels d'or et le
méthotrexate.
Hygiène de vie
- Exercices de posture et de gymnastique à effectuer
quotidiennement afin de maintenir le rachis en
rectitude
- Kinésithérapie respiratoire : même si l'insuffisance
respiratoire par ankylose de la cage thoracique est rarement
observée, il est recommandé des mouvements pour prévenir
cette complication.
- Appareillage permettant de réduire les déformations :
orthèses plantaires, corsets plâtrés, attelles de postures
Chirurgie orthopédique
Les indications chirurgicales sont limitées au cours de la SA. Elles peuvent avoir lieu en cas :
- de talalgie postérieure rebelle,
- de persistance d'inflammation d'arthrite périphérique
(justifiant alors une synovectomie),
- d'atteinte articulaire périphérique destructrice
(justifiant alors une arthrodèse ou une mise en place de
prothèse).
La chirurgie peut également être indiquée en cas d'atteinte axiale et notamment pour réparer une fracture ou pour réparer une attitude vicieuse trop prononcée (exemple : dos vo ûté et projection de la tête et du cou en avant telle que le patient ne peut plus voir la ligne d'horizon en face de lui).
* Le syndrome de Fiessinger-Leroy-Reiter Syn. (syndrome oculo-urétrosynovial, syndrome conjonctivo-urétrosynovial) Affection chronique et récidivante, attribuée une shigella ou une chlamydia et associant un syndrome dysentérique (surtout dans les formes épidémiques), une urétrite aiguë fugace post-diarrhéique, une conjonctivite bilatérale souvent intense, une polyarthrite pouvant aboutir une SA et des lésions cutanéo-muqueuses vésiculobulleuses dans les formes aiguës, kératodermiques (avec clous cornés caractéristiques) ou psoriasiformes tendance pustuleuse dans les formes chroniques. (Source : Dictionnaire de Médecine Flammarion)
Pour en savoir plus
Spondylarthrite ankylosante
La maladie, les traitements, l'aspect social.
D'après "Spondylarthrite en 100 questions" de l'Institut de
Rhumatologie - Maxime Dougados, André Kahan, Michel Revel -
Groupe Hospitalier Cochin, Paris.
Voir le
document
Spondylarthrite ankylosante
Programmes de recherche, associations de patients, autres
sites internet, bibliographie.
Allez dans la base de données des maladies rares Orphanet,
cliquez sur maladie puis lancez la recherche.
Spondylarthrite Ankylosante et Spondylarthropathies :
Description clinique, conséquences et
diagnostic
La Spondylarthrite Ankylosante - SA - ou pelvispondylite
rhumatismale (termes identiques pour la même pathologie) est
le deuxième rhumatisme inflammatoire chronique après la
polyarthrite rhumatoïde...
Par l'ACSAC, Association contre la spondylarthrite
ankylosante et ses conséquences.
Spondylarthrite ankylosante
Définition, étiologie, clinique, examen clinique, radiologie,
biologie, évolution et complications, traitement.
Par X. Phelip du CHU de Grenoble, Août 1997. Consultation du
Corpus Médical / Rhumatologie.
La spondylarthrite ankylosante
Qu'est-ce que la spondylarthrite ankylosante ? Comment se
manifeste-t-elle ? Quelle en est la cause ? Quels traitements
et prise en charge peut-on proposer ?
Par le Dr Isabelle Chary-Valckenaere et le Pr Jacques
Pourel.
Spondylarthrite ankylosante (Pelvispondylite
rhumatismale)
Etiologie, diagnostic, évolution et pronostic, principes du
traitement.
Pathologie de l'appareil locomoteur - cours rhumatologie
DCEM3 - Internat n° 297.Voir le
document
Spondylarthrite ankylosante
Par le Prof M. Dougados (novembre 2001). Base Orphanet, base
des maladies rares et médicaments orphelins. Inserm /
Direction générale de la santé.
Spondylarthropathies
Classification : Spondylarthrite ankylosante, Rhumatisme
psoriasique, Arthrites réactionnelles, Entérocolopathies
cryptogénétiques (Crohn, RCH) - Diagnostic positif : Critères
diagnostiques d'Amor, Bilan paraclinique - Prise en charge
thérapeutique : Traitement de première intention, Traitement
de fond, Kinésithérapie, Antibiotiques ? Uvéite aiguë.
Par S. Jean, Institut Mère-Enfant, annexe pédiatrique, CHU
Rennes - Date : 26 avril 1999.
Spondylarthrite ankylosante
Définition, Généralités - Diagnostic positif - Diagnostic
différentiel - Evolution, Pronostic - Traitements.
Par le Pr Marcelli, DCEM2, Rhumatologie - Faculté de médecine
de Caen.
Forum Médical : "spondylarthrite
ankylosante"
Voir le
document
AFS
Association Française des Spondylarthritiques.
#COVID-19 : le point de situation épidémiologique sur le coronavirus SARS-CoV-2
Descripteur MESH : Spondylarthrite