La myopathie de Duchenne
Définition
La myopathie de Duchenne est une forme de dystrophie
musculaire progressive généralisée et héréditaire à
transmission récessive liée au chromosome X (le
locus responsable est situé sur le bras court du chromosome X
(X p21)), débutant dans l'enfance et d'évolution
grave. Seuls les garçons sont atteints et les femmes
sont transmettrices.
La myopathie de Duchenne touche à la naissance un
garçon sur 3500 chaque année en France.
Les dystrophies musculaires progressives sont liées au même gène, le gène dit DMD de la dystrophine, le plus long connu de tout notre génome : il est en effet composé de 2,4 millions de bases génétiques. Ce gène code pour la dystrophine, protéïne du cytosquelette de la fibre musculaire. La dystrophine sert en effet à la bonne tenue et à la bonne cohésion des fibres musculaires entre elles. Sans elle, la fibre musculaire ne peut plus résister aux forces exercées lors de la contraction, et elle finit par dégénérer. Ce qui explique qu'un déficit en dystrophine soit la cause de l'atrophie musculaire progressive dans ce genre de maladie.
Signes cliniques
- Un enfant atteint de myopathie de Duchenne présente en
général peu de signes de la maladie avant l'âge de 3 ans.
Il marche parfois tard, tombe assez souvent et se
relève difficilement.
- Hypertrophie des mollets et atrophie d'autres
muscles
- Au fil des années, faiblesse musculaire
progressive des membres et du tronc : la
montée des escaliers, puis la marche vers 10-12 ans,
deviennent impossibles et l'utilisation des membres
supérieurs se limite progressivement.
- En général, le recours occasionnel au fauteuil roulant est
nécessaire vers l'âge de 8-9 ans, puis son utilisation
définitive au début de l'adolescence permet au jeune garçon
de retrouver une autonomie de déplacement.
- Une scoliose souvent grave se développe,
parfois avant, mais le plus souvent après la perte de la
marche.
- L'atteinte des muscles respiratoires rend
l'enfant particulièrement sensible aux infections
broncho-pulmonaires.
- Des troubles cardiaques sont fréquents
(trouble de la conduction, du rythme).
- Un retard intellectuel est possible mais
ne concerne qu'une partie des enfants atteints par la
maladie
- Enraidissement des articulations : du à la
formation de contractures musculaires au
niveau des articulations. Ces contractures touchent d'abord
les chevilles (le tendon d'Achille), puis les hanches et les
genoux, enfin les articulations des bras. Cette complication
est liée à l'atrophie des muscles qui, ne servant plus,
finissent par se rétracter.
- Si le diagnostic est fait tardivement (après l'âge de 6 ou
7 ans), l'enfant a tendance à marcher sur la pointe des pieds
car ses talons ont du mal à toucher le sol. C'est qu'il
existe déjà une rétraction du tendon
d'Achille.
Grâce à une prise en charge globale et adaptée l'enfant
atteint le plus souvent l'âge de 20 - 30 ans.
Diagnostic
Le diagnostic est rarement fait avant l'apparition des premiers signes cliniques, c'est-à-dire avant l'âge de 2 ou 3 ans.
- Prise de sang
La prise de sang permet
de doser certaines enzymes musculaires, les
créatine-phosphokinases ou CPK.Cette enzyme reflète l'état du
muscle. Quand le muscle est abimé, il libère des CPK, et le
taux de cette enzyme est donc très fortement augmenté dans le
sang. Chez les enfants atteints de myopathie de Duchenne et
parfois aussi chez la mère porteuse de l'anomalie génétique,
leur taux est donc très augmenté (5 fois plus élevé voir même
50 à 100 fois plus élevé que chez les sujets normaux).
Il est également possible d'étudier l'ADN des
globules blancs qui sont dans le sang : permet
d'identifier précisément l'anomalie du gène de la dystrophine
responsable de la maladie.
- Biopsie musculaire
La biopsie musculaire consiste à prélever, sous anesthésie
locale, un tout petit morceau de muscle afin de l'examiner au
microscope. Elle permet de rechercher spécifiquement cette
anomalie (anomalie du gène de la dystrophine responsable de
la maladie) et de confirmer ainsi le diagnostic de DMD, à
l'exclusion de tout autre.
- Biopsie du trophoblaste
En cas de grossesse d'une mère transmettrice, l'étude du
liquide amniotique permet l'identification du sexe. S'il
s'agit d'un garçon, la biopsie de trophoblaste permet de
savoir s'il est ou non porteur de l'anomalie génique.
- Electrocardiogramme
Certains médecins recommandent un électromyogramme (EMG). Cet
examen étudie l'activité électrique générée par le muscle
lorsqu'il se contracte. Cependant, même s'il permet de
constater l'existence d'anomalies musculaires, il n'est pas
spécifique de la DMD.
Traitements et prise en charge
Le traitement est avant tout palliatif : prévention des rétractions, apport des aides techniques, kinésithérapie, surveillance cardiaque, orthopédie. Cette prise en charge pluridisciplinaire est indispensable : elle permet à l'enfant de conserver sa qualité de vie en limitant les conséquences de la maladie. On parle aussi de traitements freinateurs.
Les traitements freinateurs
Ils permettent de ralentir la progression de la maladie. Ce
sont :
Les médicaments
- de nombreux médicaments sont proposés pour traiter les
muscles périphériques mais ils sont peu efficaces et posent
parfois le problème des effets secondaires
- certains médicaments peuvent freiner les anomalies
cardiaques (palpitations, insuffisance cardiaque)
La rééducation
- kinébalnéothérapie
- massages (améliorent la circulation et le fonctionnement
actif des muscles)
- kinésithérapie (à considérer en fonction de chaque cas)
La chirurgie qui vient en complément de la rééducation si celle-ci a echoué. Elle a pour but de corriger ou rendre acceptable les déformations. La chirurgie du rachis permet notamment de rigidifier la colonne vertébrale dans une bonne position.
L'appareillage qui a pour but de guider le mouvement, de le limiter ou de le supprimer.
La ventilation qui est utilisée pour faciliter la souplesse de la cage thoracique ou pour oxygéner de façon régulière l'organisme. Elle comporte une ventilation nasale de nuit et une ventilation de jour nasale ou buccale voire par trachéotomie si ce moyen est mal toléré et inefficace.
La kinésithérapie respiratoire qui permet le désemcombrement des bronches en cas de surinfection.
Les traitements nutritionnels qui consistent à modifier l'alimentation pour éviter les difficultés qu'ont les malades à avaler. Un traitement précoce (école de déglutition) peut être proposé afin d'éduquer les malades à une mastication efficace et à une déglutition correcte.
La recherche
- les greffes de myoblastes consistent à
injecter des cellules musculaires afin qu'elles colonisent
les différents muscles. Cette technique n'est malheureusement
pas encore au point.
- Le 12 septembre dernier, le premier essai de
thérapie génique dans la myopathie de Duchenne a été
lancé en France. Il se déroulera dans le service de médecine
interne du professeur Serge Herson (hôpital de la Pitié
Salpêtrière) et à l'Institut de myologie sous la
responsabilité du professeur Michel Fardeau. C'est un
essai clinique de phase I qui porte sur
trois groupes de trois malades atteints de myopathie de
Duchenne ou de myopathie de Becker : les sujets sont âgés de
15 ans ou plus, ont une force musculaire mesurable et n'ont
pas de déficit immunitaire. Cet essai clinique de phase I
consiste à faire parvenir aux cellules musculaires
malades un segment du gène normal de la dystrophine
pour remplacer la partie équivalente du gène défectueux. Le
vecteur utilisé sera un ADN plasmidique où aura été inséré la
séquence du gène de la dystrophine. L'objectif de
l'étude est d'évaluer la capacité du muscle injecté à
produire de la dystrophine et d'évaluer la tolérance de cette
injection. Analyse de la force musculaire et réponse
immunitaire seront donc évaluées au cours de l'essai.
Conseil génétique
Le recours au conseil génétique est capital. Après la naissance d'un enfant atteint d'une myopathie de Duchenne, il faut faire une enquête familiale. Il s'avère que dans environ 1/3 des cas la myopathie de Duchenne est due à une mutation survenue au cours de l'embryogénèse et la mère n'est pas transmettrice ; pour les 2/3 des cas la mère est transmettrice. L'enquête se basera sur les antécédents, l'étude clinique, le dosage des CPK qui peuvent être augmentés chez les mères transmettrices.
Pour en savoir plus
La dystrophie musculaire de Duchenne
Qu'est-ce que la dystrophie musculaire de Duchenne ? Comment
se manifeste-t-elle ? Comment évolue-t-elle ? Comment fait-on
le diagnostic ? Que peut-on faire ? A quoi est-elle due et où
en est la recherche ? Pour en savoir plus. Dossier réalisé
par l'association française contre les myopathies.
Aller dans maladies neuro-musculaires en général, puis
sélectionner dystrophie musculaire de Duchenne.
Les dystrophies musculaires de Duchenne et de Becker
ou myopathies de Duchenne et de Becker
Questions - Réponses sur les dystrophies musculaires de
Duchenne et Becker.
D'après une interview du Dr. LK Shield,Chef du service de
Neurologie Royal Children's Hospital, Melbourne,
Australie.
La dystrophie musculaire de
Duchenne/Becker
Définition, causes, manifestations, évolution, les
complications, traitements.
Par Christian Gilardeau de l'Association française contre les
myopathies (AFM).
Dystrophie musculaire de Duchenne et
Becker
Les dystrophies musculaires progressives sont caractérisées
par des anomalies moléculaires de la dystrophine codée par un
gène sur le chromosome X...
Informations issues d'Orphanet, base de données sur les
maladies rares. Cliquer sur maladies rares, services aux
professionnels puis recherche par maladie. Taper "dystrophie
musculaire de Duchenne" et lancer la recherche.
Myopathies
Les myopathies héréditaires : dystrophies musculaires de
l'enfant, de l'adulte, les myopathies congénitales, les
myopathies métaboliques - Les myopathies acquises :
myopathies endocriniennes, myopathies toxiques
médicamenteuses, myosites.
Par le Dr Véronique de Deburghgraeve, Dr. Serge Belliard -
Service de neurologie, CHU de Rennes.
Mis à jour le 14 octobre 1999.
NINDS Muscular Dystrophy (MD) Information
Page (site en anglais)
Qu'est-ce que la dystrophie musculaire ? Y'a t-il un
traitement ? Quel est le pronostic ? Que donne la recherche ?
Références, publications. De nombreux liens.
Page d'information sur la dystrophie musculaire de Duchenne
mise à jour le 7 janvier 2001.
Par le National Institute of Neurological Disorders and
Stroke.
Voir le document
Muscular Dystrophy (site en anglais)
Service Medline plus : informations générales sur les
dystrophies musculaires, les essais cliniques, diagnostic /
symptômes, recherche, liens vers organisations et
associations, la maladie chez les enfants et les adolescents,
articles en espagnol. Dernière mise à jour : novembre
2001.
Voir
le document
Associations
Association canadienne de la dystrophie
musculaire
L'ACDM a été fondé par un groupe de parents et d'amis
d'enfants atteints de la dystrophie musculaire de Duchenne.
Elle lutte contre plus de 40 maladies neuromusculaires. Dans
cette optique, elle s'est engagée à subventionner
d'importants travaux de recherche visant à découvrir les
causes de ces maladies et à mettre au point des traitements,
des mesures de prévention et des moyens de les guérir. De
plus elles fournit de l'information, des services
d'assistance et de l'espoir à des dizaines de milliers de
Canadiens et Canadiennes qui sont atteints de ces
maladies.
Muscular Dystrophy Association (site en
anglais)
Sur le site de l'association, vous trouverez des informations
au sujet des maladies neuromusculaires mais aussi toutes les
informations concernant l'activité de l'association
(recherche, services). Vous trouverez également une base de
plus de 230 "MDA clinics", des news, des publications.
#COVID-19 : le point de situation épidémiologique sur le coronavirus SARS-CoV-2
Descripteur MESH : Atrophie , Créatine , Myopathie de Duchenne , Biopsie , Chromosome X , Dystrophine , Génétique , Hypertrophie , Myoblastes , Scoliose