La thérapie génique se montre capable de pleinement corriger un grave déficit immunitaire héréditaire de l’enfant
Le magazine scientifique américain Science publie vendredi les premiers résultats, obtenus par une équipe de médecins et chercheurs français, d’une thérapie génique efficace dans l'immunodéficience combinée sévère humaine (SCID-X1), une maladie héréditaire pouvant être létale touchant le chromosome X. Les patients affectés sont obligés de vivre dans des bulles stériles pour éviter d'exposer leur système immunitaire immature aux germes de l’environnement, même les moins dangereux, et ce, jusqu'à la réalisation d’une greffe de moelle osseuse.
Deux bébés de 8 et 11 mois ont bénéficié de ce traitement qui consiste à transférer une copie normale du gène défectueux provoquant le SCID-X1, en l’occurrence le gène codant pour la ‘gamma-c cytokine receptor subunit’ des récepteurs des interleukines 2,4, 7, 9 et 15. Ce gène est impliqué dans la transmission de signaux participant à la croissance, la survie et la différenciation des progéniteurs lymphoïdes précoces.
Le nouveau gène s’est montré capable de ‹‹débloquer›› le développement des autres cellules immunitaires et de rétablir le fonctionnement normal du système immunitaire.
Selon le Pr Alain Fischer de l'Hôpital Necker à Paris (Inserm U.429, Développement normal et pathologique du système immunitaire), co-auteur de l'étude, les bébés jouissent depuis plus de 11 mois d'un système immunitaire normal sans présenter d'effet secondaire.
Le magazine Science annonce des progrès similaires chez un troisième patient, quatre mois après le transfert de gène.
Les chercheurs ont commencé par recueillir de la moelle osseuse des patients pour en extraire un ensemble de cellules souches du sang. Après avoir plongé un facteur de croissance dans des récipients recouverts d'un fragment de fibronectine, protéine qui stimule un bon transfert génique, ils ont introduit la copie normale du gène défectueux à l’aide d'un rétrovirus. Les chercheurs ont ensuite injecté les cellules porteuses du gène normal dans les patients sans traitement chimiothérapique préalable.
Quinze jours plus tard, ils ont détecté de nouvelles cellules porteuses de la version correcte du gène, ainsi qu'un nombre croissant de cellules immunitaires entièrement fonctionnelles et diversifiées.
A ce jour, le taux des cellules T, B et NK des deux patients est comparable à celui d'enfants normaux de leur âge.
Les auteurs ont également évalué la réponse des bébés traités par thérapie génique vis-à-vis des vaccins antitétanique, antidiphtérique et antipoliomyélitique et ont constaté que ces enfants produisaient les anticorps pour chacun d'entre eux.
Selon le Pr Alain Fischer, la clé du succès du traitement réside ‹‹non pas dans la technique, mais dans la maladie même››. En effet, dans les cas de SCID-X1, les cellules porteuses du gène normal semblent jouir d'un avantage sélectif substantiel car elles se multiplient rapidement, jusqu'à ce que leur nombre l'emporte sur celui des cellules déficientes.
Les deux jeunes patients ne sont plus aujourd’hui en isolement et vivent tous deux chez eux sans suivre de traitement. Ils grandissent et se développent normalement pour leur âge.
Ils seront néanmoins surveillés toute leur vie, à la fois pour s'assurer de leur bonne santé et pour contrôler le succès à long terme du transfert de gène.
Source : Inserm. Science, 28 avril 2000, Vol.288.
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