Covid-19 : une infection semble aussi protectrice que deux doses de vaccins ARNm selon une métanalyse
Une méta-analyse publiée dans « The Lancet » a examiné le niveau de protection conféré par une infection passée contre les risques de formes asymptomatiques, légères et graves de Covid-19 par rapport aux personnes qui n’avaient été ni infectées ni vaccinées.
Cette étude a été menée par un groupe de travail américain coordonné par l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de la faculté de médecine de Washington, et a compilé les résultats de 65 études menées dans 19 pays. Si le sujet n’est pas nouveau, cette étude est remarquable par son ampleur et par le fait qu’elle est la première à inclure dans son analyse la variant Omicron BA.1. Les études intégrant la protection conférée par une immunité hybride ont été écartées. Les données les plus récentes datent de septembre 2022. L’étude ne comprenait pas de données sur l’infection par Omicron XBB et ses sous-lignées.
Les antécédents d’infections sont associés à une réduction des risques de Covid-19
Il en ressort que la protection assurée contre les formes sévères par une infection passée est élevée pour tous les variants, à 90,2 % pour la souche ancestrale ainsi que les variants Alpha et Delta, et à 88,9 % pour Omicron BA.1 à 10 mois.
En ce qui concerne le risque de réinfection avec les variants pré-Omicron, l’étude montre que la protection par l’immunité naturelle diminue avec le temps, mais se maintient à 78,9 % à 10 mois. Cette protection diminue plus rapidement vis-à-vis d’Omicron, avec un taux de 36,1 % à 10 mois, reflétant l’échappement immunitaire largement décrit en 2022.
Le profil immunitaire d’un individu dépend de l’immunité naturelle et du statut vaccinal
Les auteurs ont constaté que la protection conférée par une infection passée était équivalente, voire un peu plus longue que celle conférée par deux doses de vaccins à ARNm.
Cette information est riche d’enseignements pour évaluer avec plus d’acuité le profil immunitaire d’un individu qui dépend à la fois de son statut vaccinal et de son immunité « naturelle ». Elle devrait orienter les politiques publiques pour adapter les schémas vaccinaux en fonction des infections passées et des facteurs de risques individuels.
Cette étude positionne clairement un éventuel PASS sanitaire comme plus juste qu’un PASS vaccinal. Elle laisse également espérer que les prochaines vagues de contamination seront de moins en moins pesantes sur les systèmes de santé.
L’intérêt de la vaccination est-il remis en question ?
Les auteurs ont clairement souligné que personne ne devrait compter sur une infection du SARS-COV-2 pour se protéger au regard des risques qu’elle induit de formes graves, de COVID long ou de complications pour les patients polypathologiques ou avec facteurs de risques.
Le Pr Zureik, président d’EPIPHARE donne son point de vue sur le sujet sur Twitter :
« Mais si la protection par l’infection est équivalente à la protection vaccinale, certains peuvent se demander s’il ne vaudrait pas mieux attraper le Covid que se faire vacciner. La réponse est claire : NON, NON, NON !
Non, car les risques de complications graves avec le vaccin sont extrêmement faibles. Ce n’est pas le cas avec l’infection. Avec l’infection on accumule 4 risques : risque de formes graves lors de la phase aiguë, risque de contaminer des personnes vulnérables, risque de développer du Covid long et le risque de développer à moyen et à long terme des complications graves sur plusieurs systèmes notamment cardiovasculaires. Le Covid long et les complications ne concernent pas que les personnes âgées et fragiles.
On ne doit pas donc jouer à la roulette russe avec l’infection qui est beaucoup plus dangereuse que la vaccination. »
« Si les infections étaient bénignes comme des rhumes, on ne se préoccuperait pas plus de ce virus. Mais dans le cas contraire, tout ce qui permet de les éviter est bon à prendre, y compris la vaccination tant que les effets indésirables graves restent extrêmement rares » explique Mircea T. Sofonea pour le Parisien
Pour le Dr Caroline Stein, co-auteur de l’IHME « Les vaccins continuent d’être importants pour tout le monde afin de protéger les populations à haut risque, comme celles qui ont plus de 60 ans et celles qui présentent des comorbidités. Cela inclut également les populations qui n’ont pas été infectées auparavant et les groupes non vaccinés, ainsi que les personnes qui ont été infectées ou qui ont reçu leur dernière dose de vaccin il y a plus de six mois. Les décideurs doivent tenir compte à la fois de l’immunité naturelle et du statut vaccinal pour obtenir une image complète du profil d’immunité d’un individu. »
Les limites de l’étude
Les auteurs de l’étude reconnaissent certaines limites à leur travail :
- le nombre d’études examinant le variant Omicron et ses sous-lignées est relativement faible, ce qui pourrait affecter la précision des résultats et qui justifie la poursuite des analyses si l’on prend en considération le fait qu’environ 46 % de la population mondiale a été infectée par Omicron entre le 15/11/2021 et le 01/06/2022.
- Le statut de l’infection passée et les admissions à l’hôpital ont été mesurés différemment ou étaient incomplets, ce qui pourrait biaiser l’estimation de la protection.
- Les données au-delà de 10 mois après l’infection initiale étaient limitées.
- Les études examinant l’immunité naturelle en combinaison avec la vaccination (c’est-à-dire l’immunité hybride) ont été exclues des analyses. Or une autre étude publiée récemment dans THE LANCET a établi que l’immunité hybride conférait la meilleure protection contre toutes les formes de Covid-19.
Malgré ces limites, l’étude fournit des preuves solides de la durabilité de l’immunité naturelle contre les infections graves et est riche d'enseignement pour affiner les politiques de santé publique. La vaccination reste le moyen le plus sûr de se protéger contre toutes les formes graves de la Covid-19. Les mesures de prévention, telles que le port du masque, la distanciation sociale et l'amélioration de la qualité de l’air restent essentielles pour ralentir la propagation du virus.
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