Covid longs et troubles neurologiques ou psychiatriques : les académiciens inquiets
L’infection par le SARS-CoV-2 est à l’origine de symptômes d’allure neurologique, chez l’adulte comme chez l’enfant. A la phase aiguë, ces symptômes interrogent sur leur rapport avec l’infection virale, leur mécanisme et leurs conséquences sur le devenir des patients.
Leur survenue ou persistance au-delà de 4 semaines caractérise la forme longue du Covid-19, entité encore mal définie dont la sémiologie polymorphe est d’expression souvent neurologique ou psychiatrique. Ces formes fréquentes et insolites questionnent encore sur leur nature organique.
Toutefois, la possibilité de séquelles correspondant à des symptômes pérennes est désormais évoquée par plusieurs études de suivi de patients infectés. Celles-ci touchent principalement la sphère neuro psychiatrique mais des symptômes persistants sur le long terme sont également observés dans d’autres systèmes, respiratoire, cardiovasculaire, neurosensoriels, ou encore endocrinien.
Au-delà des symptômes, tels que la fatigue, la plainte mnésique, les difficultés de concentration, les insomnies avec sommeil non réparateur, les hypersomnies, les troubles de l’humeur, ou les douleurs limitées à des céphalées ou diffuses, plusieurs séries authentifient une baisse des performances cognitives dans près de 10 % des Covid-19 longs, un an après l’infection.
Parallèlement, des études récentes de neuro-imagerie (IRM, imagerie moléculaire) démontrent que des lésions structurelles et fonctionnelles du parenchyme cérébral apparaissent dans le temps chez des patients infectés, suggérant une atteinte organique susceptible de valider la réalité de séquelles. Il n’est pas certain que ces troubles séquellaires soient l’apanage des formes graves de Covid-19 ou des patients âgés. Les mécanismes en sont méconnus, mais des hypothèses sont soulevées et étudiées (neurovasculaire, conséquence de l’hypoxie, inflammation chronique…).
En cas de symptômes persistants, le diagnostic, quant à la nature séquellaire des troubles neurologiques, neurocognitifs ou psychiatriques observés, peut être difficile à affirmer en dehors d’examens neuropsychologiques formels, alors même que cette détection n’est pas pour l’instant incluse dans les protocoles de prise en charge et que, en particulier chez les sujets âgés, le déclin cognitif post-Covid-19 doit être différencié d’un déclin « naturel ».
Alors que le retentissement sur la vie personnelle, professionnelle et sociale des patients peut être considérable, les modalités de la prise en charge restent à élaborer.
Du fait du nombre élevé de patients ayant présenté une infection par le Covid-19, l’Académie nationale de médecine :
– alerte sur le risque d’une augmentation substantielle de la charge liée aux troubles cognitifs durables sur le système de santé, du fait de cette infection virale,
– met en place un groupe de travail dédié, intitulé « Covid et système nerveux », afin de mieux comprendre les formes neurologiques aiguës du Covid-19 et la symptomatologie neuropsychiatrique décrite dans les formes prolongées,
– souligne l’importance d’étudier, en particulier, les conséquences à long terme et le poids social de ces formes neurologiques et psychiatriques prolongées, ainsi que leurs possibilités de traitement préventif ou curatif.
Académie de médecine
Descripteur MESH : Patients , Infection , Nature , Céphalées , Inflammation , Fatigue , Diagnostic , Imagerie moléculaire , Risque , Études de suivi , Sommeil , Troubles cognitifs , Temps , Travail , Vie , Santé