Déprimés, les infirmiers font plus d'erreurs médicales
Aux Etats-Unis, de nombreuses études mettent en lumière la souffrance psychologique des infirmiers au travail. On savait déjà depuis 2012 qu'un infirmier sur 5 était déprimé, soit le double de la population générale. On sait dorénavant que les patients en subissent également les conséquences puisqu'une nouvelle étude établit un lien entre dépression et risque d'erreur médicale.
L' étude, publiée dans le Journal of Occupational and Environmental Medicine, a analysé les réponses à une enquête constituée de 53 questions qui ont été posées à 1790 infirmiers américains âgés en moyenne de 44 ans et travaillant dans 20 hôpitaux différents.
Des infirmiers en mauvaise santé avec une piètre qualité de vie professionnelle
Premier constat, 54 % se déclarent en mauvaise santé physique et mentale et environ un tiers manifeste des symptômes de souffrance psychologique avec des signes de dépression, d'anxiété ou de stress. Plus de la moitié des répondants n'aurait pas une bonne qualité de vie professionnelle .
Jusqu'à 71% de majoration du risque de déclarer des erreurs médicales
Les chercheurs ont également constaté qu'environ la moitié des infirmiers ont déclaré des erreurs médicales au cours des cinq dernières années. En procédant à une analyse statistique des données recueillies, les chercheurs ont pu mettre en évidence une corrélation entre la mauvaise santé, en particulier la dépression, et les erreurs médicales. Ils ont pu établir que le risque de déclarer des erreurs médicales était majoré de 26 à 71 % lorsque l'infirmier est en mauvaise santé physique et mentale.
Pour Bernadette Melnyk, doyenne du College of Nursing de l'Ohio State University et responsable du mieux-être à l'université «Les administrateurs hospitaliers seraient bien inspirés de développer une culture de bien-être et de mettre en œuvre des stratégies pour mieux soutenir la santé physique et mentale de leurs employés. Ce qui est bon pour les soignants est bon pour les patients.».
Elle rajoute que selon elle, pour améliorer la santé au travail des infirmiers américains, il est important de limiter les longues gardes de nuit, faciliter le dépistage et mettre à la disposition des soignants des ressources faciles d'accès pour améliorer leur santé physique et mentale.
Ce n'est hélas pas tout à fait le chemin que semble prendre le système de santé français où à l'heure de l'examen du PLFSS 2018, la priorité est de réaliser 3 milliards d'euros d'économies, dont un milliard pour les seuls hôpitaux. Ces économies pourront elle se réaliser sans accroitre encore un peu plus la pression sur les soignants ?
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