Dépistage du cancer du col de l’utérus : L'INCA recommande un test HPV tous les 5 ans
Apres avoir publié le 1er volet en ce début d'année, l'Institut National du CAncer (INCA) vient d'annoncer la publication du second et dernier volet de sa vaste enquête médico-économique sur la généralisation du dépistage cancer du col de l'Utérus. L'ambition de cette étude est de détailler les modalités de dépistage envisagées afin de diminuer l'incidence et la mortalité de ce cancer en portant une attention particulière sur les inégalités.
Une mesure-phare du plan Cancer
L'INCA a estimé que 90% des cancers du col de l'utérus sont évitables grâce à un dépistage régulier. En France, chaque année, ce n'est pas moins de 3 000 cancers invasifs de ce type qui sont diagnostiqués et 1 100 patientes en meurent. Un des objectifs du plan Cancer 2014-2019 est de réduire en 10 ans l'incidence et la mortalité par cancer du col de l'utérus de 30%. L'enjeu est donc de permettre à chaque femme entre 25 et 65 ans d'accéder à un dépistage régulier du cancer du col utérin via un programme national de dépistage organisé.
Dans la première phase de son enquête, l'INCA, après avoir détaillé les populations cibles et caractérisé les femmes ne réalisant pas de dépistage, a évalué les performances et l'acceptabilité des différentes stratégies susceptibles de les atteindre. Elle a permis d’élaborer différents scénarios possibles de généralisation, de les évaluer et les hiérarchiser en fonction des gains de participation, de leur capacité à réduire les inégalités de recours au dépistage et de santé ainsi que de leur impact budgétaire. Les coûts d’organisation du programme varient de 12,3 à 17 millions par an.
La seconde phase de ce travail a pour objectif d’évaluer l’efficience des différentes modalités de dépistage organisé en tenant compte du contexte actuel, des enseignements tirés des expérimentations françaises de DO, des alternatives possibles de prélèvement (auto-prélèvement) et d’analyse des tests (recherche d’HPV, double marquage immuno-histochimique) ainsi que des évolutions attendues en termes de caractéristiques de la population cible et de démographie médicale.
Les critères de résultat principaux étaient la survie et la survie ajustée par la qualité de vie (QALY) des femmes. Le nombre de cancers diagnostiqués, de colposcopies et de conisations réalisées constituaient des critères de résultat secondaires.
Entre 35 et 60 ans d'espérance de vie supplémentaire pour 10 000 femmes éligibles au dépistage
Les résultats montrent que toutes les stratégies de dépistage organisé par invitation et relance des femmes non spontanément participantes au dépistage du cancer du col utérin permettent d’améliorer la couverture du dépistage, de diminuer l’incidence et la mortalité liée au cancer du col utérin.
En moyenne, l’invitation et la relance permettent d’augmenter le taux de couverture de 5 % , de réduire l’incidence et de la mortalité de 13 % et 26 % selon les stratégies retenues. Au final en plus des objectifs du plan cancer, c'est un gain d’espérance de vie compris entre 35 et plus de 60 ans pour 10 000 femmes éligibles au dépistage qu'il est possible d'obtenir grâce à ce train de mesures.
Les tests HPV plus efficaces mais plus onéreux
Les tests HPV permettent de diagnostiquer jusqu’à 26 % de lésions précancéreuses du cancer du col utérin supplémentaires (stratégie de dépistage organisé avec test HPV tous les 5 ans) et permettent de réduire de 8 % à 19 % l’incidence du cancer du col utérin contre 14 % à 15 % pour la stratégie de dépistage organisé fondée sur le frottis tous les 3 ans.
Le dépistage organisé fondé sur le frottis cervico utérin tous les 3 ans avec envoi de kit d'auto-prélèvement HPV à la relance permet d'obtenir un ratio coût efficacité de 30 000 € par QALY contre 70 000 € par QALY pour le dépistage organisé fondé sur le test HPV tous les 5 ans.
Si l'évaluation médico-économique montre que le dépistage organisé fondé sur le test HPV tous les 10 ans est le plus efficient, celui basé sur un test HPV tous les 5 ans est le plus efficace en terme de santé publique.
Les recommandations de l'INCA
L'INCA préconise donc la mise en place d'un programme national de dépistage organisé du cancer du col de l'utérus basé sur
• un système d’invitations/relances des femmes non spontanément participantes au dépistage ;
• un suivi de l’ensemble des femmes dépistées positives par les structures de gestion du dépistage organisé ;
• un recours au frottis cervico utérin en dépistage primaire, incluant le cas échéant des modalités supplémentaires (par exemple les autoprélèvements avec test HPV).
L'institut recommande dans un second temps le passage à un dépistage organisé fondé sur le test HPV tous les 10 ans ou mieux tous les 5 ans aux âges suivants : 35, 40, 45, 50, 55, 60 et 65 ans et met l'accent sur les pré-requis qui devront être préalablement satisfaits :
- actualisation du rapport d’évaluation HAS publié en 2004 : « Place du test HPV en dépistage primaire » ;
- élaboration et publication de recommandations de bonnes pratiques;
- définition d’un cadre de dépistage organisé effectif (évaluation, suivi des pratiques, système d’assurance qualité, etc.),
- négociation sur la tarification de l’acte ;
- choix du ou des tests et les modalités éventuelles d’achat et de recours dans le cadre du programme;
- mise en œuvre d'actions de communication et d’information (population cible et professionnels de santé)
L' INCA recommande également que soit conduite une analyse des risques associés : risque économique si l’intervalle de dépistage par test HPV n’est pas respecté et risque clinique, en particulier de sur-traitement, notamment chez les femmes jeunes.
En savoir plus
1ère phase du rapport médico économique pour les professionnels de santé
2ème phase du rapport médico économique pour les professionnels de santé
Descripteur MESH : Utérus , Mortalité , Incidence , Attention , Femmes , Vie , Santé , Population , Survie , Risque , Objectifs , Qualité de vie , Recherche , France , Espérance de vie , Santé publique , Démographie , Temps , Travail , Communication , Caractéristiques de la population