Téléphone portable et santé : les effets se précisent
Des radiations micro-ondes similaires à celles émises par les téléphones portables déclenchent une réponse cellulaire semblable à celle causée par un choc thermique ou un agent toxique. Ce mécanisme, mis en évidence chez un ver de laboratoire, ne semble pas induit par un effet calorifique : les ondes provoqueraient une modification de la structure des protéines.
Plusieurs études récentes se sont penchées sur l'effet des téléphones portables. Des résultats contradictoires ne permettent pas de connaître à l'heure actuelle le véritable effet sur la santé des ondes émises par ces appareils.
Des travaux menés par des chercheurs anglais démontrent que ces ondes sont capables d'entraîner une réponse cellulaire majeure chez le ver Caenorhabtidis elegans. Ces résultats devaient initialement être publiés dans la revue Nature du 25 mai, mais en raison du débat actuel, les éditeurs du journal ont préféré rendre la publication disponible sur le site web du journal avant sa parution papier.
Le Dr David de Pomerai (Université de Nottingham, School of Biological Science) et ses collaborateurs ont étudié l'expression de protéines particulières habituellement synthétisées en réponse à un stress thermique ou toxique. Ces protéines universelles portent le nom de HSP (Heat-Shock Proteins). Elles agissent comme des protéines chaperonnes qui permettent de restaurer la structure des protéines endommagées par un choc thermique ou un agent toxique.
Les auteurs ont mesuré la synthèse des HSP chez le ver C. elegans lorsque celui-ci était soumis à des micro-ondes de faible intensité (750 MHz, 0,5 W), comparables à celles émises par les téléphones mobiles. A près une exposition de 18 heures, les scientifiques ont montré une élévation considérable de la synthèse des HSP.
Ils expliquent qu'une augmentation de la température de l'animal exposé ne semble pas être la cause de cette réponse cellulaire. Selon eux, le mécanisme cellulaire serait déclenché par un effet non thermique.
Les micro-ondes pourraient rompre les liaisons de faible énergie (liaisons hydrophiles, hydrophobes et liaisons hydrogène) qui maintiennent la structure spatiale des protéines et donc l'activité biologique. En réponse, les mécanismes de régulation déclencheraient la synthèse massive des HSP. Les ondes pourraient également déclencher un stress oxydatif connu pour induire la synthèse d'HSP. Une autre possibilité avancée par les auteurs est la dérégulation du contrôle de la synthèse des HSP.
Les auteurs soulignent que le taux spécifique d'absorption (specific absorption rate) calculé dans ces expériences est entre 20 et 1.000 fois plus faible que celui des téléphones mobiles. "Les fabricants de téléphones portables déclarent que ces taux spécifiques d'absorption sont insuffisants pour causer, chez l'homme, une élévation mesurable de la température dans la tête; nous ne remettons pas ce résultat en question".
"En raison de l'universalité de la réponse médiée par les HSP, il est possible qu'une induction similaire non thermique apparaisse également dans les tissus humains exposés aux micro-ondes, une possibilité qui nécessite d'être vérifiée".
Bien évidemment, le ver C. elegans reste très éloigné de l'homme et les réactions de ce dernier pourraient être très différentes. De plus, les vers ont été exposés de façon continue pendant 18 heures aux ondes, durée qui ne saurait être comparée au temps moyen des communications habituelles. Les travaux de David de Pomerai et de ses collaborateurs ne permettent pas de savoir s'il existe un effet cumulatif ou une relation entre la durée d'exposition et le taux de synthèse des HSP.
Néanmoins, ces résultats démontrent clairement que les radiations émises par les téléphones sont susceptibles d'entraîner une réponse biologique. Plusieurs études en cours devraient à terme préciser ces effets chez les utilisateurs de portable.
Source : Site web Nature ; Non-thermal heat shock response to microwawes; David de Pomerai & al.. Publication à paraître dans l'édition du 25 mai 2000.
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