Cancer du sein : l'intérêt des programmes de dépistage par mammographie remis en cause

L'année dernière, des chercheurs danois avaient jeté un pavé dans la mare en affirmant "que le dépistage du cancer du sein par mammographie était injustifié", ce qui avait entraîné de nombreuses critiques. Ces chercheurs réaffirment aujourd'hui leur position dans le Lancet en se basant sur les conclusions d'une nouvelle méta-analyse des essais cliniques publiés dans ce domaine.

Initialement, Ole Olsen et Petrer Gotzsche (Nordic Cochrane Centre, Copenhague) avaient évalué les résultats de sept essais randomisés (500.000 femmes) sur le dépistage du cancer du sein par mammographie et avaient conclu que le "dépistage était injustifié car il n'y avait pas de preuve tangible qu'il réduisait la mortalité" rappellent ces chercheurs dans l'édition du 20 octobre du Lancet.

Leurs conclusions avaient déclenché un débat houleux et de nombreuses critiques. Ces auteurs ont procédé à une nouvelle analyse des données, qui sera d'ailleurs publiée le 20 octobre dans les Cochrane Review. Cette revue confirme leurs premières conclusions.

Dans le Lancet, les auteurs publient un commentaire détaillé de leur revue, disponible gratuitement à partir du Lancet  et légèrement différente de celle qui sera publiée par la Cochrane Library.

"Nous avons trouvé que les résultats confirmaient et renforçaient nos premières conclusions", écrivent les auteurs dans leur article du Lancet. Outre une absence de bénéfice visible en terme de mortalité (toutes causes confondues), ils ajoutent que "…le dépistage par mammographie conduit à un traitement plus agressif, augmentant le nombre de mastectomies d'environ 20 % et le nombre de mastectomies et tumorectomies de près de 30 %…".

Selon eux, il est possible que la mortalité puisse être réduite avec les techniques de mammographies plus récentes que celles utilisées dans les essais analysés mais ceci doit être mesuré dans des essais randomisés extrêmement rigoureux et qui utilisent la mortalité globale (et non celle par cancer du sein) comme principal critère d'évaluation.

Toutes ces informations font l'objet d'un commentaire rédigé par le Dr Richard Horton, rédacteur en chef du Lancet : "Actuellement, il n'y a pas de preuve sûre, obtenue à partir d'essais randomisés, pour soutenir des programmes de dépistage par mammographie", conclut-il.

Source : Lancet 2001;358:1340-42.