Réduire le taux de fibrinogène plasmatique à la phase aiguë de l'accident ischémique cérébral semble efficace
Une étude américaine publiée dans le JAMA indique que l'ancrod, une protéase qui réduit le taux de fibrinogène plasmatique, pourrait se révéler efficace pour le traitement des patients à la phase aiguë de l'accident ischémique cérébral. Bien que le bénéfice de l'ancrod par rapport aux activateurs du plasminogène reste à démontrer, ce travail a permis de mettre en évidence la relation entre une diminution précoce du taux de fibrinogène plasmatique et l'amélioration du devenir clinique des patients.
Cette étude sur l'ancrod (extraite du venin d'une vipère de Malaisie) a été conduite par le Dr D. Sherman (University of Texas Health Science Center) et plusieurs collaborateurs américains.
Ces auteurs ont testé, dans le cadre d'un essai multicentrique randomisé et en double aveugle, l'efficacité de l'ancrod pour réduire les handicaps fonctionnels associés à la phase aiguë de l'accident ischémique cérébral.
Les 500 patients (moyenne d'âge = 72,8 ans) avec un accident ischémique cérébral qui ont participé à cet essai ont été répartis en deux groupes : 248 ont reçu de l'ancrod et 252 un placebo.
Les patients du groupe ancrod ont reçu le traitement suivant : ancrod en perfusion pendant 72 heures dans les 3 heures qui ont suivi l'apparition des symptômes puis nouvelles perfusions d'une heure à t = 96 h et t = 120 h. La posologie était définie de façon à réduire le taux de fibrinogène plasmatique entre 1,18 et 2,03 µM.
Le critère clinique d'évaluation principal était la survie à 90 jours avec un statut fonctionnel favorable (défini par un index de Barthel supérieur à 95).
L'ancrod a entraîné une augmentation brute de 7,8 % du nombre de patients répondant à ce critère (42,2 % dans le groupe ancrod contre 34,4 % dans le groupe contrôle). La mortalité ne différait pas de façon significative entre les deux groupes et avoisinait les 24 %.
L'ajustement des résultats en fonction de la sévérité des symptômes avant le traitement montre que l'ancrod est associé à une augmentation (par rapport au placebo) de 22,7 % du nombre de patients avec index de Barthel supérieur à 95 à 90 jours. De plus, l'ancrod a permis d'augmenter de 27 % le nombre de rémissions totales par rapport au placebo. Le bénéfice de l'ancrod est indépendant des variables démographiques et de l'existence de groupes à risque selon les auteurs.
Les auteurs ont également montré qu'une réduction précoce de la fibrinogénémie était associée au succès du traitement par l'ancrod.
Les Dr M. Mauberg et A. Furland (Cleveland Clinic Foundation) notent dans un éditorial qui accompagne l'article que ce bénéfice paraît réel malgré un nombre d'hémorragies intracérébrales symptomatiques et asymptomatiques multiplié respectivement par 2,5 et 2 dans le groupe ancrod.
Au vu des résultats obtenus, l'équipe du Dr D. Sherman conclue que l'ancrod pourrait être efficace pour le traitement de la phase aiguë de l'accident ischémique cérébral. Les Drs Mauberg et Furland émettent quant à eux plusieurs réserves et rappellent que l'ancrod ne paraît pas présenter d'avantage significatif par rapport aux activateurs du plasminogène. Selon ces derniers, les résultats de "l'European Stroke Traitment with Ancrod" qui vient de s'achever seront d'un intérêt majeur.
Source : Journal of American Medicine Association 2000;283:2395-2403, 2440-2441
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