Trypanosomiase africaine : un traitement plus court, plus économique et tout aussi efficace

Un nouveau protocole de traitement de la trypanosomiase africaine, toujours basé sur le mélarsoprol, devrait constituer une alternative particulièrement intéressante au traitement actuel et particulièrement dans les régions défavorisées touchées par l'épidémie.

La trypanosomiase africaine ou maladie du sommeil est une maladie parasitaire causée par Trypanosoma brucei et notamment Trypanosoma brucei gambiense. Le Dr Burri (Swiss Tropical Institute) et ses collègues rappellent dans un article du Lancet que "cette maladie a atteint une dimension épidémique dans plusieurs pays d'Afrique centrale".

Le traitement actuel des stades avancés de la maladie est relativement "long et compliqué" et le mélarsoprol (utilisé depuis 1949) présente des effets secondaires sévères. Le développement de nouvelles molécules reste excessivement coûteux et les expériences dans ce domaine n'en sont qu'au stade expérimental. Pour ces raisons, le mélarsoprol devrait rester la molécule de base pour le traitement de la trypanosomiase dans les 10 années à venir.

Le Dr Burri et ses collaborateurs ont défini et évalué un traitement au mélarsoprol plus court. Le protocole actuellement utilisé en Angola comprend 3 séries de 4 injections de mélarsoprol sur 4 jours à des doses croissantes de 1,2 à 3,6 mg/kg pour chaque série. Les séries sont interrompues par un repos de 7 jours. Le nouveau traitement comprend, sur 10 jours consécutifs, 10 injections de mélarsoprol à 2,2 mg/kg.

L'essai s'est déroulé en Angola, auprès de 500 patients à un stade avancé de la maladie. Séparés en deux groupes, 250 ont bénéficié du programme actuellement en vigueur et 250 autres ont été traités selon ce nouveau protocole.

L'efficacité des deux protocoles est identique (100 %) puisque les médecins n'ont pas pu mettre en évidence de parasites 24 heures après le traitement.

La mortalité à 30 jours (après la fin du traitement) était également la même avec 6 décès dans chaque groupe, tous dus à une encéphalopathie. Les auteurs rapportent que 40 patients traités avec le protocole standard et 47 avec le nouveau protocole ont eu des effets secondaires qui ont entraîné l'interruption ou l'arrêt du traitement.

Cependant, le nouveau traitement a suscité nettement moins d'abandon de la part des patients (2 contre 50) mais a entraîné plus de réactions cutanées. Les médecins précisent que ces réactions ont pu être traitées par une médication appropriée ou l'arrêt du mélarsoprol.

Au vu de ces résultats, ce nouveau traitement de 10 jours seulement présente des avantages significatifs. En effet, il assure une efficacité similaire à celle du traitement standard et est mieux suivi par les patients. Les auteurs soulignent qu'un suivi individuel de 2 ans reste nécessaire pour prouver l'efficacité de ce protocole à long terme.

De plus, outre ses avantages thérapeutiques, il permet d'économiser 30 % du mélarsoprol par rapport au traitement standard, ce qui constitue un avantage économique majeur pour le traitement de la trypanosomiase en Afrique.

Source : Lancet;355:1419-25

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