Cancer épidermoïde de l’œsophage non opérable, non métastatique : efficacité et bonne tolérance de la radio-chimiothérapie concomitante
Les résultats à long terme d’un essai national français multicentrique de phase II chez 122 malades non opérables atteints d’un cancer épidermoïde de l’œsophage confirme l’efficacité (taux de réponses complètes) et la bonne tolérance de la radio-chimiothérapie concomitante concentrée en split-course (3 séries de 15 Gy/5 fractions et 3 cycles de 5FU-cisplatine), qui se montre par ailleurs « efficace à la fois sur la dysphagie, le contrôle local et la survie à long terme » avec un taux de survie à 5 ans de 12 %. Au vu de ces résultats encourageants publiés dans le dernier numéro de la revue ‘Gastroentérologie Clinique et Biologique’, le Dr Jean-François Seitz de l’unité d’oncologie digestive de l’Institut Paoli-Calmette de Marseille estime qu’un essai comparatif, irradiation split-course versus étalement classique, apparaît justifié et indique qu’il est en cours.
Ont également participé à cette étude pour la Fondation Française de Cancérologie Digestive et le Groupe Digestif de la Fédération Nationale des Centres de Lutte contre le Cancer : des cancérologues et radiothérapeutes, gastroentérologues et statisticiens du Centre de randomisation et de gestion de la FFCD (Faculté de médecine de Dijon), des services d’hépato-gastroentéologie des CHU de Bordeaux, Brest, Reims, Amiens, et Dijon, du département d’oncologie médicale du Centre Alexis-Vautrin à Vandoeuvre-lès-Nancy, et des unités d’oncologie digestive du Centre Antoine-Lacassagne de Nice et du Centre Henri-Becquerel de Rouen. Cette étude multicentrique s’adressait à des malades porteurs d’un cancer épidermoïde de l’œsophage, histologiquement prouvé, non opérable, non métastatique, et sans envahissement ganglionnaire muqueux trachéo-bronchique.
Le traitement comportait 3 cycles de chimiothérapie de 5 jours par 5FU continu, cisplatine (semaines 1, 4 et 7) et radiothérapie en 3 séries de 15 Gy/5j. Les auteurs précisent que l’efficacité était appréciée par la réalisation d’une endoscopie avec biopsies et une tomodensitométrie au cours de la 12e semaine.
122 malades (110 hommes, 12 femmes, d’âge moyen 63, 1 +/- 8,6 ans, avec des extrêmes compris entre 40 et 78 ans) ont été inclus dans l’étude. Selon la classification 1978 TNM de l’UICC, 8 malades ont été classés au stade I (T1 N0), 13 au stade II (T2 N0), 100 au stade III (T3 et/ou N1) et 1 stade était inconnu.
Le suivi médian a été de 63 mois. Le traitement a été complet chez la moitié des patients, 5 décès précoces ayant été observés pendant la période de traitement dont 1 au moins directement lié à la toxicité du traitement. 16 % des malades ont eu au moins un effet secondaire jugé sévère.
117 malades ont reçu les 3 cycles de traitement (dont 88 sans retard) et ont ainsi été évalués. 58 malades ont présenté une réponse complète avec biopsies négatives, 36 une réponse endoscopique partielle, et 13 ont été stables. Enfin, 10 patients ont eu une progression tumorale. La durée médiane des réponses complètes a été de 11, 5 mois.
« La dysphagie était améliorée dans plus de 8 cas sur 10, l’état général près de 4 fois sur 10, et une reprise pondérale était observée 3 fois sur 10 chez les malades amaigris », indiquent les auteurs.
Au moment de l’évaluation, l’alimentation orale restait impossible chez 4 malades seulement. Elle était impossible pour 113 malades. Cela dit, un traitement endoscopique de la dysphagie restait nécessaire chez 28 d’entre eux.
Les auteurs de ce travail soulignent que l’analyse statistique multivariée a au total retenu 3 facteurs préthérapeutiques associés à un pronostic défavorable : la dysphagie initialement sévère (avec un risque de décès précoce multiplié par 3 durant la première année), l’extension circonférentielle et le caractère différencié de la tumeur, avec un risque de décès multiplié par 2 quelle que soit la période étudiée.
A l’inverse, il est apparu que les facteurs prédictifs d’une réponse clinique complète étaient le stade précoce de la tumeur, son caractère indifférencié chez les malades âgés de 65 ans et plus, et son aspect non circonférenciel.
« Le risque de reprise évolutive était de 54,8 % à 1 an chez les 58 malades en rémission complète. Une extension circonférentielle complète et le caractère bien ou moyennement différencié de la tumeur étaient prédictifs de reprise évolutive », concluent les auteurs.
Source : Gastroentérologie Clinique et Biologique, 2000; 24 : 201-10.
Descripteur MESH : Radio , Survie , Cisplatine , Taux de survie , Caractère , Risque , Patients , Travail , Tomodensitométrie , Radiothérapie , Pronostic , Médecine , Lutte , Hommes , Gastroentérologie , Femmes , Étude multicentrique , Endoscopie , Classification