Faut-il traiter l’insuffisance rénale aiguë après 80 ans en unité de soins intensifs ?
Ne pas traiter les malades insuffisants rénaux de plus de 80 ans en unités de soins intensifs sur des notions purement économiques est contraire à l’éthique médicale, conclut une étude communiquée à l’Académie nationale de médecine, la première consacrée à cette population.
Son but était l’étude d’une cohorte de patients de plus de 80 ans hospitalisés pour une insuffisance rénale aiguë entre 1971 et 1996. Elle a été motivée par une polémique liée à la pertinence du traitement des sujets âgés dans des unités de soins intensifs.
L’insuffisance rénale aiguë (IRA) a été définie par l’augmentation de la créatininémie ou lorsqu’il existait une insuffisance rénale chronique antérieure, par l’augmentation d’au moins 50 % de la créatininémie de base.
381 patients de plus de 80 ans sur une population totale de 2.111 insufffisants rénaux aigus avérés ont été étudiés.
Ces patients étaient atteints d’une insuffisance rénale obstructive, fonctionnelle ou parenchymateuse.
Les causes de ces différents types d’IRA ont été, pour la moitié d’entre elles, une insuffisance rénale aiguë organique ; pour un tiers, l’urémie était suffisamment sévère pour nécessiter un traitement par hémodialyse.
La mortalité globale à l’hôpital a été de 40 %, comparable à la mortalité globale dans cette pathologie.
Les facteurs identifiés comme aggravant le pronostic vital sont surtout l’existence d’un cancer, d’un état septique ou d’antécédent cardiovasculaire. La moyenne de survie a été de 19 mois.
La survie de ces malades à plus long terme a été comparée à celle provenant des données fournies par l’INED pour les mêmes tranches d’âge. Elle n’est pas significativement différente.
En résumé, la fréquence des IRA chez les sujets de plus de 80 ans admis en réanimation va en augmentant. La mortalité est moins importante que ce qui était prévisible d’après les données de la littérature, ces patients pouvant bénéficier de l’hémodialyse dans une unité de soins intensifs.
« Il est impossible de définir un ensemble pathologique dont le pronostic serait constamment péjoratif, limitant l’accès de ces malades aux thérapeutiques appropriées », concluent le Dr Jean-Daniel Sraer et ses collaborateurs de l’hôpital Tenon (Paris).
Source : Académie de médecine
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